Les époux Rosenberg étaient-ils coupables ?

Un baiser qui a fait le tour de la planète © RTBF

En pleine guerre froide, un couple de New-Yorkais est condamné à mort pour espionnage… Les Rosenberg étaient-ils à la solde de l’URSS ? Ce samedi à 20h35, La Trois diffuse le documentaire « Les Époux Rosenberg : des espions au cœur de l’Amérique ».

Été 1950. Il fait chaud à New York, alors que le monde est en pleine guerre froide. Quelques mois plus tôt, l’URSS a réussi à se doter de l’arme nucléaire. Et depuis, c’est la panique aux États-Unis. Tout sympathisant communiste est désormais considéré comme un potentiel espion soviétique. Le mouvement touche Hollywood, où une série d’artistes sont mis sur liste noire. Notamment Charlie Chaplin, qui finira par quitter le pays en 1952. Mais des anonymes sont aussi dénoncés et arrêtés. Parmi eux, un couple new-yorkais apparemment ordinaire : les Rosenberg. Samedi soir, La Trois revient sur leur histoire avec un film mêlant archives et illustrations.

Secret atomique

En cet été 1950, Julius Rosenberg a 32 ans. Originaire d’une modeste famille juive, il a un temps pensé devenir rabbin avant de décrocher un diplôme d’ingénieur. Il travaille comme civil pour l’armée. Sa femme, Ethel, élève leurs fils en bas âge : Michael et Robert. Julius est arrêté à la mi-juillet, Ethel quelques jours plus tard. Ils sont soupçonnés d’avoir livré le secret de la bombe atomique à l’URSS. Rien que ça ! Lancée en 1945, la première bombe atomique américaine était une incroyable innovation technologique. Comment les Soviétiques ont-ils réussi à se doter eux aussi de l’arme atomique dès 1949 ? Auraient-ils été aidés par des espions ? L’enquête remonte jusqu’à un jeune mécanicien américain qui a travaillé dans les coulisses du projet nucléaire : David Greenglass. C’est le petit frère d’Ethel… Arrêté par le FBI, il dit avoir agi sur ordre de son beau-frère, Julius Rosenberg.

Un fougueux baiser

Au printemps 1951, Ethel et Julius se retrouvent au tribunal. L’image de leur fougueux baiser dans le fourgon judiciaire fait le tour de la planète. Les époux reconnaissent qu’ils ont été communistes dans leur jeunesse, mais cela ne fait pas d’eux des espions ! Ils clament leur innocence. Rien n’y fait. Le 5 avril 1951, Ethel et Julius Rosenberg sont condamnés à mort. L’affaire fait beaucoup de bruit. Et pas qu’aux États-Unis. Le journal Le Monde écrit : « Aucune condamnation à mort n’avait jusqu’à présent été prononcée aux États-Unis pour crime d’espionnage, même en temps de guerre. D’autres espions ayant commis et avoué des faits beaucoup plus graves n’ont été condamnés qu’à des peines de prison. » Pourquoi un tel acharnement contre les Rosenberg ?

À la grâce de Pie XII

Certains n’hésitent pas à dénoncer une parodie de procès, affirmant que la sentence avait été décidée par le FBI en amont. Des intellectuels du monde entier se mobilisent pour soutenir le couple. Même le pape Pie XII, pourtant farouchement anticommuniste, demande la grâce. Mais rien n’y fait. Le 19 juin 1953, Ethel et Julius Rosenberg sont exécutés à la prison de Sing Sing. À la sortie, deux journalistes racontent avec émotion le calvaire d’Ethel, que les premières décharges électriques n’ont pas réussi à tuer. Le lendemain, la photo des cercueils ouverts fait la une des journaux.

La fin du mystère

Les Rosenberg étaient-ils coupables ? Trente ans après leur exécution, des archives déclassifiées ont permis de prouver l’implication de Julius. Ethel, elle, était innocente. Les agents du FBI le savaient. Mais ils ont espéré jusqu’à la chaise électrique qu’elle craque et dénonce son mari pour avoir la vie sauve. Elle ne le fera pas. 

Cet article est paru dans le Télépro du 13/2/2025

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