Les dessous de la lingerie

Aujourd’hui, les dessous se plient à toutes les morphologies... ... et à tous les goûts ! © Getty Images

Avec 52 millions de soutiens-gorge et deux fois plus de culottes vendus chaque année, les Françaises remportent la palme des plus grandes acheteuses de lingerie d’Europe. Mardi à 21h10, Tipik nous emmène à la rencontre de quatre passionnées avec le documentaire «Passion lingerie».

Considéré comme une libération à son arrivée, aujourd’hui vu comme une contrainte par les adeptes du «no bra», le soutien-gorge a connu bien des formes avant d’envelopper les nôtres. Retour sur l’histoire des dessous féminins.

Antique tunique

S’agissant de couvrir leur intimité, les hommes et les femmes de l’Antiquité ont l’esprit pratique. Point de fantaisie, la lingerie n’existe que pour son utilité et efface les formes. Pour tout sous-vêtement, les femmes portent des tuniques sur ou sous lesquelles elles entourent des bandages autour de leur poitrine.

Une chemise plutôt qu’un bain

Les dessous n’évoluent que peu jusqu’au Moyen Âge, au cours duquel se généralise le port de la chemise. Cette «chainse» avait surtout pour rôle de protéger la peau du frottement avec le tissu des vêtements. «Elle présentait aussi l’avantage d’être aisée à nettoyer : à elle de recevoir toute la crasse ! L’eau était en effet encore vue d’un œil soupçonneux et on préférait changer de chemise plutôt que risquer sa santé à se laver…», nous apprend Isabelle Grégor sur Herodote.net. À la fin du Moyen Âge, les sous-vêtements commencent à être genrés.

L’esthétique avant tout

À la Renaissance, les sociétés européennes se transforment. La lingerie aussi. Celle-ci n’a plus tant vocation à être pratique qu’esthétique. Et l’incontournable du vestiaire féminin, c’est le corset. Celui-ci a pour but de mettre en valeur les courbes en affinant la taille – et en comprimant les côtes -, tout en symbolisant la droiture de la femme (le corset est d’ailleurs hérité de l’univers militaire).

La mode étant aux seins menus, les premiers corsets aplatissent la poitrine. Au XVIIe siècle par contre, l’apparition de la dentelle affole les vestiaires alors que les corsets, en se faisant plus courts et plus ornés, font déborder les décolletés.

Femme malléable

Aux XVIIIe , XIXe et XXe siècles, le corset ne cesse de changer de forme. Tantôt long, tantôt court, avec ou sans bretelles, lacé par-derrière ou par-devant, prude ou pigeonnant, il modèle le corps pour le plier au goût de l’époque.

Le XVIIIe siècle voit aussi se poser des paniers sur les hanches de ces dames, accentuant leur rondeur et soulignant la finesse de la taille. Leurs superpositions de jupons reposent sur ces larges cercles de bois ou d’osier.

Une Histoire de soutien

À la fin du XIXe siècle, Herminie Cadolle, coutière et féministe, pose un geste qui va révolutionner la vie des femmes : elle coupe le corset en deux. En 1889, elle présente le premier «corselet-gorge» (le terme «soutien-gorge» n’entre dans le Larousse qu’en 1904) à l’Exposition universelle de 1889. Mais son invention ne rencontre pas le succès espéré.

L’Histoire va finir de mettre la lingerie sens dessus dessous. La Première Guerre mondiale éclate, les hommes partent au combat. C’est aux femmes de reprendre leurs tâches, impossibles à réaliser engoncées dans des robes à crinolines ou des corsets étouffants. Par ici le soutien-gorge !

Et la culotte dans tout ça ?

Jusqu’alors réservées aux hommes et aux fillettes, les culottes, raccourcies au niveau des cuisses, s’imposent au même moment sur les arrière-trains féminins. Les médecins conseillent de refermer l’ouverture dont elles sont jusque-là pourvues, pour des raisons d’hygiène. La première petite culotte telle que nous la connaissons voit le jour en 1918 dans l’atelier d’Étienne Valon, fondateur de la marque Petit Bateau.

(R)évolution du soutien-gorge

Au siècle dernier, chaque décennie a son idéal féminin. Et sa lingerie pour mettre en valeur les corps. Après la garçonne athlétique des années 1920, les années 1930 offrent aux femmes une allure romantique : leurs soutiens-gorge se structurent en deux bonnets (dont l’abécédaire est créé en 1935).

Le Nylon fait son apparition dans les années 1940 et révolutionne les bas. Les fifties raffolant des poitrines généreuses, les pin-up jouent de leurs atouts dans des balconnets et soutiens-gorge «en obus». La taille fine des femmes, amaigries par la Seconde Guerre, est transformée en atout par la guêpière : combinaison d’un corset et d’une gaine à porte-jarretelles.

À l’inverse, la femme-enfant règne sur les sixties, aux côtés des collants Dim qui font fureur. Arrive Mai 68 et son rejet de la lingerie, qui se fait minimaliste. Ou, au contraire, terriblement sexy, avec l’essor de la pornographie. La mode des années 1980 est aux corps athlétiques, sublimés par le port du string.

Le push-up est la star des années 1990 : «Regardez-moi dans les yeux… j’ai dit dans les yeux», nous défie la top Eva Herzigova dans une publicité pour la marque Wonderbra. Aujourd’hui, du bonnet A au bonnet K, du plus discret au plus aguichant, les dessous se plient à tous les goûts et toutes les morphologies.

Cet article est paru dans le Télépro du 9/2/2023

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