Le traitement des déchets en Belgique
Trier, collecter, traiter : les déchets envahissent notre quotidien. Ce lundi à 21h05 sur France 5, «Sur le front» se demande «où enterrent-ils nos poubelles ?».
Un kilo. C’est la quantité de déchets ménagers que chaque Belge produit en moyenne par jour. Et ce n’est pas tout. À cela, il faut ajouter 3.500 kg annuels de déchets industriels pour chaque personne. Au niveau européen, les chiffres sont astronomiques. Selon belgium.be, le site Internet du gouvernement fédéral belge, on estime qu’un Européen consommerait «50 tonnes de ressources, dont une petite fraction seulement termine entre les mains du consommateur sous forme de produit.» Traduction.
Déchets cachés
Ces déchets aussi surnommés le «sac à dos écologique» proviennent de l’utilisation de nos bien de consommation. L’asbl «Zero Waste Belgium» a pour objectif de partager des pratiques quotidiennes avec les autorités, les industriels et les particuliers pour atteindre le «zéro déchet». Pour faire comprendre ce que sont ces «déchets cachés», l’association prend l’exemple d’une petite cuillère en plastique. Chaque étape, de l’extraction des ressources à son usage, en passant par sa mise en forme, son transport et son stockage, nécessite de l’énergie, des machines et crée des pertes et du gaspillage. Une empreinte invisible de notre consommation. Conclusion de l’association : réduire les déchets, c’est avant tout économiser nos ressources. Pour cela, il faut changer nos habitudes de consommation : préférer le réutilisable aux objets à usage unique, allonger la durée de vie de ces objets, acheter en seconde main ou reconditionné. Cela peut contribuer à diminuer l’empreinte, pas empêcher totalement l’existence des déchets.
Mauvais élève
Pas tristes non plus : les déchets d’emballage. Ceux-ci permettent, notamment, de conserver et de transporter les aliments mais aussi de rendre les produits identifiables pour les clients. Selon les chiffres publiés le 28 novembre dernier par l’Institut national de statistique de Belgique (Statbel), 80 % de ces déchets étaient recyclés en 2021. C’est à peine 9 % de plus qu’il y a vingt ans. La faute principalement au plastique. Son taux de recyclage est passé de 28 à 49 % entre 2001 et 2021. Il reste toutefois particulièrement faible comparé à celui du verre et des métaux (97 %) ou encore du papier et du carton (89 %). Le plastique pèse de tout son poids dans la balance des emballages mis sur le marché en Belgique : 19 % des 2 millions de tonnes, un total en augmentation de 2,5 % en un an. Avec, à la clef, de gros problèmes environnementaux.
Hiérarchie des priorités
En Belgique, la politique des déchets relève des trois Régions. Sept intercommunales s’occupent de leur gestion en Wallonie. Pour la Région de Bruxelles-Capitale, c’est l’affaire de Bruxelles-Propreté. Malgré les différences géographiques, la hiérarchie des priorités pour s’occuper de ce dossier est identique. Prévenir l’accumulation et les effets nocifs, favoriser la réutilisation (seconde main, occasion), recycler ce qui ne peut être réutilisé (verre, plastique, papier…), brûler ce qui ne peut pas être recyclé, mettre en décharge ce qui ne peut pas être brûlé. En Wallonie, le baromètre des déchets organisé tous les quatre ans montrait l’année dernière une population wallonne peu réceptive à l’impact environnemental et économique des déchets (intérêt en baisse pour la longévité des appareils électroniques achetés, notamment) mais une évolution vers des modes de consommation plus durables (seconde main, achat en vrac, emballages réutilisables).
Chers déchets
Les dernières statistiques publiées par l’IWEPS (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) montrent une relative stabilité des déchets ménagers et assimilés collectés (520 kg en moyenne par habitant par an). 52,6 % de ces déchets étaient dirigés pour recyclage vers des centres de valorisation des matières et de valorisation organique (compostage ou biométhanisation), 45,1 % vers des unités de valorisation énergétique. À Bruxelles, Bruxelles-Énergie (l’usine de valorisation énergétique par incinération) fournit actuellement à Electrabel «de l’énergie permettant de produire de l’électricité équivalent aux besoins annuels de plus de 65.000 ménages bruxellois». Pour l’enfouissement technique, une vingtaine de centres sont autorisés en Wallonie, la Région de Bruxelles-Capitale ne dispose pas de centre de ce type. À toutes ces statistiques s’ajoute un chiffre noir. L’année dernière, 30.000 tonnes de déchets sauvages et de dépôts clandestins ont été ramassés en Wallonie. Coût de l’opération : 85 millions, soit 25 € par habitant.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/1/2024
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