
Le secret des applis populaires : si c’est gratuit, c’est toi le produit !
Qu’y a-t-il de commun entre WhatsApp, Waze et Uber ? Ces applis nous rendent accros et transmettent nos données personnelles, qui ont beaucoup de valeur marketing. C’est ce que nous apprend « Tout s’explique » ce jeudi à 19h50 sur RTL tvi.
Les applis les plus populaires exploitent le système de récompense basé sur la dopamine. Elles utilisent des fonctionnalités comme les notifications instantanées, le suivi en temps réel et la gamification pour capter notre attention. La dopamine, le « neurotransmetteur du plaisir », est libérée en anticipation d’une récompense, nous rendant accros à ces petites satisfactions – qu’il s’agisse d’un message rapide, d’un itinéraire optimisé ou d’une course réservée avec succès.
Dopamine
Entendre une notification pousse à vérifier notre smartphone avec l’espoir d’un message intéressant. Les « like » sur les réseaux sociaux, les scores dans les jeux ou la satisfaction immédiate de commander en ligne renforcent nos comportements. Ces boucles de récompense rapide conditionnent notre cerveau. Nous devenons dépendants de cette stimulation constante, recherchant sans cesse de nouvelles interactions pour obtenir ce « coup de dopamine ».
Les alertes sonores ou visuelles de WhatsApp déclenchent l’anticipation d’une récompense. Les « double-check » bleus, ces confirmations de lecture, jouent sur notre besoin de validation sociale. Les discussions de groupe activent notre besoin d’appartenance. La simplicité d’utilisation est elle aussi stratégique : la récompense (connexion sociale) est obtenue avec un minimum d’effort.
Les mécanismes obscurs des applis
Voir l’avancement de notre trajet sur Waze et le temps estimé crée une anticipation de la « récompense » d’arriver à destination. Les avertissements donnent l’impression de prendre des décisions efficaces. En signalant des incidents, nous contribuons à une communauté, ce qui active la dopamine liée à la reconnaissance sociale. En outre, Waze intègre des éléments ludiques, tels les fantômes et les points gagnés.
La stratégie est identique chez Uber. Obtenir rapidement une course offre une gratification instantanée. Évaluer les chauffeurs joue sur le besoin de validation. Voir le coût estimé avant la course donne un sentiment de contrôle. Le programme de fidélité crée des attentes de récompense. Or, la récolte des données permet d’établir un profil du client et de faire évoluer les tarifs, mais à l’avantage d’Uber…
« Tout s’explique » enquête
Le journaliste Loïc Verheyden a enquêté pour « Tout s’explique » et nous fait prendre conscience de deux choses : le système de récompense utilisé par les applis, qui entraîne l’addiction, mais aussi la valeur stratégique des données personnelles que nous confions à ces applis (adresse IP, adresse mail, domicile, sexe, numéro de téléphone, langue, lieux de travail et de sorties, préférences, magasins… et parfois, l’accès à nos cartes bancaires).
« Tout est prévu pour que nous passions le maximum de temps sur ces applis et pour nous rendre accros », explique Loïc Verheyden. « Or, plus on les utilise, plus on permet aux propriétaires de ces applis de récupérer nos données personnelles. Nous les donnons gratuitement, mais ces données ont beaucoup de valeur pour les géants du Web qui les revendent aux entreprises désireuses de faire de la publicité ciblée et établir des profils de clients. Par ailleurs, cela n’est pas sans danger car ces géants du Web ont des failles dans leur système de sécurité et nos données peuvent tomber dans de mauvaises mains. Ce fut le cas en 2019 pour Meta : 269 millions de profils furent piratés. Parmi eux, 3 millions de Belges sont encore victimes aujourd’hui d’arnaques téléphoniques, par exemple. »
La solution ? « Il n’est pas question de ne plus utiliser ces applis, qui font partie de notre vie sociale. Mais nous pouvons le faire de façon plus sécurisée, notamment en désactivant au maximum la géolocalisation, en effaçant l’historique, en refusant les cookies… ». Un utilisateur averti en vaut deux !
Cet article est paru dans le Télépro du 3/4/2025
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