Le retour de la tuberculose

La Belgique compte un millier de cas par an, un nombre qui ne baisse pas © Getty

Cette maladie est trop présente en Belgique. C’est un signe de pauvreté…

Comme le covid, la tuberculose est une maladie infectieuse. Comme le covid, elle est contagieuse. Comme le covid, elle se transmet par les voies aériennes. Comme le covid, elle attaque souvent les poumons, mais peut atteindre d’autres organes…

À l’inverse du covid, la tuberculose est une maladie qu’on connaît de longue date et qu’on pensait éradiquée. Erreur. Elle fait son come-back. Ce jeudi à 13h, «Arte Regards» s’intéresse à ce phénomène inquiétant. La Belgique est concernée.

La Dame aux camélias

Déjà décrite par Hippocrate, la tuberculose a fait des ravages au XIXe siècle. Probablement plus de 10 millions de morts. Les tuberculeux sont partout dans les romans de Zola, Balzac, Hugo… Jusqu’au chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas : «La Dame aux camélias». À l’époque, on les disait phtisiques ou poitrinaires.

Le nom de «tuberculose» n’apparaît qu’en 1882, quand le médecin allemand Robert Koch identifie le germe de la maladie : Mycobacterium tuberculosis. On l’appellera ensuite «bacille de Koch». Pour soigner la tuberculose, les médecins n’ont rien d’autre à prescrire qu’une cure d’air et de lumière.

Les patients les plus fortunés partent plusieurs mois à la montagne ou dans une ville thermale. Pour les autres, on crée les sanatoriums. En 1903, un premier sanatorium est ouvert à Borgoumont, en province de Liège, un autre à Mont-Godinne, entre Namur et Dinant.

Qui a fait la cuti ?

Il faut attendre 1921 pour que deux médecins français, Calmette et Guérin, mettent au point un vaccin : le BCG (Bacilles de Calmette et Guérin). Après la Seconde Guerre mondiale, un traitement antibiotique fait son apparition. La tuberculose est sur le point d’être vaincue. Mais on la tient à l’œil avec un dépistage systématique dans les écoles : la cuti, cette petite scarification à laquelle des dizaines de milliers d’enfants ont dû se soumettre chaque année, jusqu’en 1990.

Le vaccin, le dépistage et le traitement vont donner un coup de frein à la maladie. Mais ils ne font pas tout. L’amélioration des conditions de vie joue un rôle essentiel. Notamment dans le milieu ouvrier, où moins de gens sont contraints de vivre dans la promiscuité et dans des conditions d’hygiène basiques.

Inégalités sociales

Ces derniers temps, on constate pourtant un retour de la tuberculose. Depuis une dizaine d’années, la Belgique enregistre environ mille cas par an. Les chiffres stagnent et, dans ces conditions, notre pays ne sera pas en mesure d’atteindre l’objectif fixé par l’OMS : l’éradication complète de la maladie pour 2050.

Selon les dernières données fournies par le Fares, l’organisme chargé de surveiller la tuberculose à Bruxelles et en Wallonie, la Belgique dénombre 8,6 cas pour 100.000 habitants. C’est ce que les épidémiologistes appellent «l’incidence». Elle est plus élevée chez nous que dans les pays voisins.

Ce chiffre masque en outre de fortes inégalités. L’incidence est nettement plus importante en ville (29 à Bruxelles, 21 à Liège) et auprès des résidents étrangers (38 pour 100.000). Alors que les non-Belges ne sont que 12 % de la population, ils représentent 52 % des cas de tuberculose. Parmi les 981 cas de 2018, près de 20 % étaient des étrangers demandeurs d’asile ou en séjour irrégulier, 9 % des personnes sans-abri, 2 % des personnes incarcérées.

Il ne s’agit pas de stigmatiser des individus, mais de rappeler que la tuberculose reste une maladie fortement liée aux inégalités sociales et à la pauvreté.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 19/11/2020

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