Le rail ne mène pas grand train : pourquoi le train est-il toujours plus cher ?

Si la Belgique possède de véritables écrins en matière de gares (ici : Liège-Guillemins), le système ferroviaire de notre pays n’est pas des mieux lotis... © Isopix

Alors que le prix de l’énergie s’emballe, les tarifs sur le rail augmentent aussi et les investissements dans le système ferroviaire tardent toujours. Pas partout en Europe… Ce lundi à 21h sur France 5, «Sur le front» mène l’enquête.

«Une décision difficile mais nécessaire» : en octobre dernier, le conseil d’administration de la SNCB économise ses mots pour expliquer une augmentation de ses tarifs. En quelques mois, la guerre en Ukraine et la flambée vertigineuse des prix de l’énergie qui s’ensuit ont dicté leur loi au plus grand consommateur d’électricité du pays. Avec 3.800 trains par jour, le montant de la facture de l’entreprise de transport public s’est emballé. Et cela ne va pas s’arrêter-là : dès l’automne, la SNCB évalue à 200 millions supplémentaires la note qu’elle devra régler en 2023.

Train plus cher

«Pas le choix», «obligés», «tarifs adaptés selon l’évolution de l’indice santé» (donc inflation/coût de la vie), «… et il faut ajouter l’indexation des salaires» : les justifications de la SNCB ne manquent pas. Résultat : depuis le 1er février, prendre le train coûte plus cher en Belgique. En moyenne, 8,73 % le billet, 9,73 % pour les abonnements scolaires et les abonnements navetteurs. Et les bonnes intentions environnementales dans tout ça ? Terminus, tout le monde descend ? Pas partout en tout cas.

«Tren de vida»

Confrontés à une situation économique similaire, tous les pays n’ont pas choisi d’emprunter le même aiguillage. L’Espagne par exemple. Depuis le mois de septembre, les trains régionaux et de banlieue sont gratuits. Quant aux billets interrégionaux et nationaux, les tarifs sont réduits de 30 à 50 %. En optant pour cette solution radicale, le gouvernement de Madrid poursuit un double objectif. D’une part, soutenir le pouvoir d’achat en donnant un coup de pouce à une population lourdement touchée au portefeuille par la hausse du prix de l’énergie et par l’inflation. D’autre part, le pass ferroviaire doit avoir un impact environnemental. Selon la RENFE (équivalent espagnol de la SNCB), inciter les Espagnols à emprunter les transports en commun plutôt que la voiture se matérialisera par l’économie de 118 millions de litres de carburants. Le rejet dans l’atmosphère de 360.576 tonnes de CO2 sera aussi évité. La gratuité des trains, initialement prévue de septembre à décembre, a été reconduite en 2023. Coût de l’opération pour le gouvernement : 700 millions d’euros. Jusqu’à présent, 1 million d’utilisateurs ont été séduits et suivent le slogan de l’opérateur «Mejora tu tren de vida» : «Améliorez votre train de vie».

Train de sénateur

La locomotive de cette démarche encourageant l’utilisation des transports en commun est sans conteste le Luxembourg. La gratuité, nos voisins la connaissent depuis 2020. Une première mondiale à l’époque. Dans la foulée, l’Autriche et son «Klima ticket» à prix réduit ainsi que l’Allemagne et ses mini-tarifs sont montées à bord. Sans être restée sur le quai, la Belgique semble prendre plus de temps que ces pays. «L’ajustement tarifaire ne couvre qu’une partie limitée de l’augmentation de nos coûts d’exploitation», précise Élisa Roux, porte-parole de la SNCB. «En outre», ajoute-t-elle, «nous mettons en place de nombreuses formules tarifaires avantageuses et des promotions (exemple avec le Duo Ticket, le billet week-end, etc.)».

Suppression de la TVA

L’entreprise de transport public tient aussi à signaler que la Belgique reste parmi les opérateurs européens ferroviaires les plus attractifs en termes de prix et que le montant du billet qu’un voyageur paie correspond à moins de 30 % du coût réel, le reste étant payé par l’État belge. Cela n’a pas empêché Georges Gilkinet, ministre fédéral de la mobilité, d’évoquer «un mauvais signal de la part de la SNCB» et d’appeler à une suppression totale de la TVA (6 %) sur les titres de transport. «Un signal symbolique pour attirer davantage de voyageurs ou de marchandises vers le rail».

Cet article est paru dans le Télépro du 9/2/2023

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