Le plastique, pas fantastique !
La quantité de déchets ne cesse d’augmenter. Leur impact sur la santé est mésestimé. Mais les projets pour résoudre le problème se multiplient. Ce mardi à 23h25, Arte diffuse le documentaire «Les Humains malades du plastique».
On l’appelle «le 7e continent». Situé au nord-ouest de l’océan Pacifique, entre la Californie et l’île d’Hawaï, cet immense territoire estimé à plus de 50 fois la Belgique est constitué de déchets de plastique : des bouteilles, bouchons, sacs, emballages…
L’impact sur la faune et la flore est dramatique. Poissons et oiseaux confondent les microplastiques avec le plancton et les ingurgitent. Selon une étude réalisée pour les Nations unies, d’ici 2050, il y aura autant de plastique que de poisson dans les océans.
Plastique à gogo
Depuis qu’elle a vraiment commencé, il y a une soixantaine d’années, la production de plastique à grande échelle n’a cessé d’augmenter. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), chaque seconde, 10 tonnes de plastique sont produites dans le monde et chaque année, 8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans l’océan.
La société française Carbiolice (spécialisée dans la conception de solutions innovantes et durables pour améliorer la fin de vie des plastiques à usage unique), résume ainsi la situation : «1 seconde, c’est le temps nécessaire à la fabrication d’un sac en plastique. 20 minutes, c’est le temps moyen de son utilisation avant d’être jeté. 1.000 ans c’est le temps qu’il mettra pour se décomposer s’il est jeté dans la nature…».
Et les choses ne semblent pas près de s’améliorer. Une étude américaine publiée dans la revue scientifique Science Advances cite des chiffres édifiants : si les tendances actuelles se poursuivent, 12 milliards de tonnes de plastique joncheront les centres d’enfouissement à l’horizon 2050 !
Un défi mondial
Maîtriser les déchets plastiques devient un enjeu planétaire. Pour l’ingénieure américaine Jenna Jambeck, spécialisée dans l’étude des déchets plastiques présents dans les océans, il est indispensable de «repenser la chimie du plastique, la conception des produits, les stratégies de recyclage et l’utilisation faite par le consommateur».
Concernant celui-ci, le WWF y va de conseils pratiques et de quelques conseils simples, applicables au quotidien : identifier les objets en plastique à usage unique (40 % des déchets plastiques), délaisser les bouteilles en plastique au profit d’une gourde, utiliser des pailles en carton ou en inox, réutiliser ses sacs de courses, réduire ses déchets… De leur côté, les scientifiques sont aussi à la recherche de solutions.
La perle rare ?
Au début de la chaîne de production tout d’abord. Un exemple parmi d’autres : celui de la société Polymaris Biotechnology. Alors qu’ils prélevaient des micro-organismes sur le littoral français, des employés de l’entreprise découvrent «une souche contenant une molécule capable de produire un polyester biodégradable, permettant la production du plastique». «La perle rare !», lance le magazine GEO qui relate la découverte.
Des récipients semblables à des pots de yaourt ont été fabriqués avec du Nautilium (nom de marque déposée). Résultat : décomposition presque totale en 2 ans (là où une bouteille produite par l’industrie pétrochimique met entre un siècle et mille ans). Au début de l’année, cinq entreprises s’alliaient pour fabriquer des emballages du quotidien à base du Nautilium.
Made in Anvers
Alors qu’une autre société met au point un additif qui, ajouté à certains produits plastiques, permet à ceux-ci d’être compostés («en 200 jours, soit plus rapidement que les feuilles du jardin»), des chercheurs de l’université d’Anvers annoncent aussi une avancée dans ce domaine. Ils ont réussi à créer des «composés aromatiques» à partir de déchets plastiques. Le procédé devrait permettre d’utiliser chaque année 17 millions de tonnes de déchets comme matière première.
Enfin, en Suède, un groupe de scientifiques a découvert l’existence de dizaines de milliers de bactéries mangeuses de plastique. Une bonne nouvelle ? Cités par GEO, les chercheurs émettent un bémol : «C’est une réponse de la planète liée au fait que nous polluons. Le premier enjeu reste la diminution de la production de plastique.»
Cet article est paru dans le Télépro du 21/7/2022
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