Le malheur des uns fait le business des autres

La luminothérapie ne s'envisage pas à la légère © Getty
Alice Kriescher Journaliste

De l’anxiété à la petite déprime en passant par le gouffre de la dépression, les Belges ont de plus en plus besoin d’aide pour se sentir mieux dans leur peau.

Alors que 35 % des Belges déclarent souffrir de mal-être, moins de la moitié consulte un psychologue. En revanche, nombre d’entre eux se laissent tenter par des méthodes parallèles pour soigner les maux de l’âme. Des alternatives originales certes, mais parfois coûteuses et à l’efficacité toute relative.

Le prix du bonheur

Pression au travail, problèmes de couple, stress, charge mentale, pandémie… Il y a mille et une raisons d’être en proie à l’angoisse de nos jours. Un stress constant capable de mener certains dans les affres de la dépression, l’un des maux de notre siècle.

Dans notre pays, entre 2007 et 2014, les cas de dépressions et de burn-out ont quasi triplé. Pour sortir de ce fléau, il y a la voie connue, celle d’une consultation chez un professionnel de la santé mentale et éventuellement la prise d’antidépresseurs. En Belgique, un habitant sur huit en consommerait. Mais certains décident de se tourner vers d’autres solutions, une médecine «douce» version psychologique.

La dernière tendance dans le domaine ? Les «Rage» ou «Anger Room». Un concept tout droit venu du Japon qui consiste à proposer aux clients de libérer toute leur rage contenue en détruisant divers objets disposés dans une pièce prévue à cet effet. Tout y passe : vaisselle, télévision, ordinateur… Plusieurs tarifs sont possibles, mais la fourchette oscille généralement entre 20 et 55 € , selon l’importance des objets que vous désirez détruire.

Quant à la pertinence de la pratique, «les anger rooms représentent seulement une partie du processus de la gestion de la colère, c’est-à-dire la décharge motrice», estime la psychologue Claudia Quintans interrogée par la RTBF. «La gestion de la colère doit tenir compte d’autres choses aussi. C’est en fait en mettant des mots sur l’émotion que la personne va être capable de gérer cette émotion.»

Et la lumière fût

Dans le marché de l’antiblues, la star de ces dernières années est la luminothérapie, essentiellement pratiquée pour contrer la dépression saisonnière due au manque de luminosité pendant les mois d’automne et d’hiver.

Le concept est simple, vous devez vous exposer à la lumière d’une lampe spéciale dès votre réveil pour permettre à votre corps de comprendre que le jour s’est levé, même s’il fait toujours noir dehors. Cette lumière est alors supposée aider au déclenchement de la mélanopsine, une protéine qui stoppe la production de mélatonine, le neurotransmetteur qui nous tient endormis. Une fois ce processus mis en route, le corps s’active plus facilement.

Sur papier l’idée est bonne et de nombreuses études vantent ses mérites, notamment pour pallier l’usage d’antidépresseurs. Le coût de ces lampes peut toutefois grimper jusqu’à 300 € et cette thérapie ne convient pas forcément à tous les patients. Il est donc essentiel de vous faire conseiller par un médecin sur le bien-fondé ou non d’un tel achat.

À gorge déployée

Et si les remèdes les plus simples étaient les meilleurs ? Contre la déprime pourquoi ne pas tout bêtement… rire ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, le rire payant existe et porte même un nom, celui de rigologie. En France et en Belgique, le rire comme médicament contre la mal-être a été conceptualisé par Corinne Cosseron, qui a d’ailleurs fondé l’École internationale du rire. Pour un stage de deux jours animé par un professeur de yoga du rire certifié, il vous faudra débourser 250 € .

Si la perspective de rire en groupe ne vous tente pas, sachez tout de même que d’un point de vue purement physiologique, le rire nous est bénéfique. Au niveau musculaire, il a des effets relaxants, au niveau respiratoire il équivaut aux exercices de respirations pratiqués lors des séances de yoga. Enfin, au niveau mental, un fou rire augmente notre taux d’endorphine, aussi appelée hormone du bonheur, qui agit comme un antidouleur, diminue notre anxiété et régularise notre humeur. 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 3/9/2020

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