Le double stress des sportifs ukrainiens

Même s’ils ont terminé derniers du groupe de la Belgique à l’Euro 2024, les Ukrainiens n’ont pas démérité dans la phase de poules
(ici : Kevin De Bruyne contré par Oleksandr Svatok) © Getty Images

Comment s’entraîner dans un pays en guerre ? Ce vendredi à 23h10, France 3 diffuse le documentaire «La Flamme ukrainienne».

Depuis l’invasion russe en février 2022, plus de 420 sportifs ukrainiens ont été tués et plus de 500 infrastructures sportives ont été détruites. Et pourtant, les athlètes poursuivent leur préparation pour les JO et les grandes rencontres internationales. Malgré les bombardements, les entraînements interrompus, la descente aux abris, le stress pour leurs proches…

Quand les chars russes ont débarqué, de nombreux athlètes ukrainiens ont quitté le pays. Mener une préparation de haut niveau était trop dangereux et compliqué. Beaucoup sont partis en Espagne, en Allemagne, parfois en France ou aux États-Unis. Mais il y a ceux qui sont restés. Certains ont choisi de prendre les armes. Les autres continuent de s‘entraîner.

Tous aux abris

Plusieurs fois par jour, Oleksiy Sereda, jeune champion d‘Europe 2019 de plongeon, doit interrompre ses exercices et courir aux abris. La verrière de la piscine volerait en éclats au moindre impact. Ainsi va le quotidien des athlètes ukrainiens. Une soixantaine d’entre eux se sont qualifiés pour Paris 2024. Ils devront y côtoyer «l’ennemi» : le CIO a autorisé les sportifs russes et biélorusses à concourir individuellement sous bannière neutre.

Euro 2024 : 
présence politique

Avant les JO, il y a l’Euro 2024. L’équipe nationale d’Ukraine avait réussi à s’y qualifier. «C‘est très important pour nous d‘être présents. Nous voulons être perçus comme une nation européenne», a expliqué le sélectionneur ukrainien. Dans leur vidéo de présentation, les joueurs indiquaient leur ville de naissance. S’ensuivaient des images de ces lieux ravagés par les bombardements…

Clubs expatriés

L’Euro était un objectif vital, d’autant qu’il se déroule en Allemagne, terre de refuge pour 1 million d’Ukrainiens. La sélection ukrainienne et les clubs phares s’y sont expatriés pour les rencontres internationales. L’Allemagne, entre autres, leur a ouvert ses infrastructures. Depuis deux ans, le pays en guerre «reçoit» en Allemagne, Pologne, République tchèque ou en Slovaquie, tandis que le Shakhtar Donetsk dispute ses rencontres de Ligue des Champions et Europa League à Hambourg. Un tiers des 26 joueurs de la Zbirna évolue toujours dans le championnat national : ils ont l’habitude de voir leurs matches interrompus par les alertes aériennes, dans des stades accueillant des rencontres à huis clos. 
Que reste-t-il du rêve olympique quand la nation entière est en guerre ? Le documentaire «La Flamme ukrainienne» (France 3, vendredi, 23.10) nous emmène au cœur du sport, de l‘intimité de ses athlètes et des entraînements qui se font au rythme des sirènes, des missiles, des coupures de courant…

Traumatisés

Volodymyr, Marya, Alina et Iryna ont entre 20 et 30 ans. Ils sont champions de kayak, de gymnastique rythmique, d’escrime et de lutte. Volodymyr est revenu de la guerre amputé d’une jambe et tente de se qualifier aux Jeux paralympiques. Marya s’angoisse pour son père parti au front. Alina est terrorisée par les bombes qui frappent chaque jour sa ville natale. Quant à Iryna, elle reste marquée par les horreurs dont elle a été victime au début de la guerre.
Anxieux, traumatisés, ces jeunes athlètes ont bien du mal à gérer à la fois le stress des JO, celui de la guerre et à se concentrer sur leur sport. Si leurs entraînements rythment le récit, ce film est surtout une percée dans la société ukrainienne et l’intimité des sportifs en temps de guerre. Il y a des films qui font grandir : celui-ci en fait partie.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/7/2024

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