«Le Doc du Bourlingueur» : Le Bureau 39 où Kim Jong-un fabrique ses milliards de $ !
La Corée du Nord est un des pays les plus secrets du globe. Secret, le Bureau 39 l’est tout autant. Un doc de La Trois, diffusé dimanche à 21h05 sur la Trois, examine ce service gouvernemental alimentant la dictature de Kim Jong-un, 37 ans à peine…
Comment la Corée du Nord, sous le joug de nombreuses sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU, parvient-elle à financer son programme nucléaire ? Grâce au Bureau 39… Les père et grand-père de l’actuel dirigeant, Kim Jong-il et Kim Il-sung, seraient à l’origine de sa création au début des années 1970. Mais c’est seulement en 2007 qu’a été prouvée son existence, grâce au piratage de millions de données contenues dans le registre municipal de Pyongyang, la capitale. Employant plusieurs milliers de personnes, le Bureau 39 serait notamment pourvu… d’un élevage d’autruches. Mais surtout, il rapporterait à lui seul la moitié du PIB du pays, grâce à des activités pas toujours légales.
Exportations illégales
Entre 2017 et 2018, le Conseil de sécurité onusien a adopté des sanctions qui ont réduit de près de 3 milliards $ les revenus nord-coréens, en interdisant l’exportation de textile, charbon, acier, produits de la pêche… et en limitant les livraisons de pétrole et de produits raffinés. Mais la dictature des Kim continue à écouler 200 tonnes de soie par an ou à fabriquer des vêtements «Made in China». C’est aussi auprès de l’Empire du Milieu que se fournissent les marchés noirs autorisés par Kim Jong-un. Ces 436 «jangmadang» du pays rapporteraient un peu moins de 60 millions de dollars chaque année, selon les chiffres du Center for Strategic and International Studies.
Piratage informatique
Le 6 septembre 2018, Park Jin-hyok devient le visage du groupe de piratage Lazarus. Il serait responsable de trois cyberattaques d’importance. En 2014, un virus paralyse les ordinateurs du studio Sony Pictures, en représailles au film «The Interview», parodiant Kim Jong-un. En 2016, les pirates s’en prennent à la Banque centrale du Bangladesh et récoltent 81 millions $ lors d’un «cybercasse» qui aurait pu rapporter 1 milliard $ si une faute d’orthographe n’avait pas attiré l’attention. Le gouvernement de Pyongyang serait aussi derrière le «rançongiciel» WannaCry, qui a réclamé une rançon contre le déverrouillage des 300.000 ordinateurs touchés. Selon un rapport de l’ONU, la Corée du Nord aurait récolté 2 milliards $ grâce au cyberpiratage. Ces dernières années, les plateformes d’échange de crypto-monnaies sont aussi devenues des cibles, comme Coincheck, qui s’est vue dépouillée de plus de 520 millions $ en 2018.
Salaires confisqués
Selon les comptes de l’ONU, 100.000 travailleurs nord-coréens exerceraient à l’étranger, principalement dans le textile, la construction, l’exploitation forestière ou la restauration et l’hôtellerie. Si la plupart se trouve en Chine et en Russie, l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique abritent aussi leur lot de main-d’œuvre. Celle-ci ne verrait jamais la couleur de l’argent de son salaire, directement confisqué par le régime, qui récolterait ainsi chaque année 1,7 milliard de dollars selon l’ONU.
Vente d’armes et faux billets
Pour renflouer ses caisses, Kim Jong-un a encore d’autres idées, comme la vente d’armes. D’après l’ONU, ce commerce rapporterait au moins 100 millions $ par an. Outre la Birmanie, il aurait également fourni le matériel nécessaire à la construction d’armes chimiques à la Syrie, entre 2012 et 2017. Autres activités rentables : la fabrication de produits pharmaceutiques contrefaits, la contrebande, le trafic de drogue et d’ivoire. Mais aussi de faux billets. Dans les années 1970 déjà, Kim Jong-il imprime en masse des faux billets de 50 et 100 $ : le super-dollar. Pas moins de 250 millions de dollars en fausses coupures circuleraient dans le monde. Au Bureau 39, on ne chôme pas…
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 11/02/2021.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici