Le dalaï-lama, et après ?
Sans le dalaï-lama, le Tibet aurait complètement disparu des cartes et des esprits… Mais que deviendra le Tibet après lui ?
C’est un vieux monsieur sur les frêles épaules duquel repose une partie de l’équilibre mondial… À 88 ans, le dalaï-lama incarne la résistance du peuple tibétain face à son puissant voisin chinois. Mais qu’arrivera-t-il lorsque le dalaï-lama ne sera plus là ? Ce mardi à 20h55, Arte pose la question avec le documentaire «Tibet-Chine : le dernier souffle».
La loi de Mao
En 1950, quelques mois après avoir proclamé la République populaire de Chine, Mao décide d’agrandir son territoire en annexant le Tibet. Il estime que la région appartient à la Chine historique et qu’il faut libérer sa population d’un pouvoir basé sur la religion. Le dalaï-lama cumule en effet la direction politique et spirituelle du Tibet. Mao n’affiche cependant pas les vraies raisons de l’annexion… Cet immense territoire regorge de ressources naturelles stratégiques – notamment la plus importante réserve d’eau douce de tout le continent asiatique. Et la Chine ne voudrait pas que cela tombe dans l’escarcelle de l’Inde voisine. Indépendante depuis peu, l’Inde a d’autres priorités. Mao n’a donc aucun mal à s’imposer au Tibet. D’autant que son chef est alors un tout jeune homme…
Une vie d’exil
Le dalaï-lama n’a pas 16 ans quand il signe le rattachement du Tibet à la Chine. Mao lui a promis que la culture et le bouddhisme tibétains seraient respectés. Il n’en sera rien. La Chine veut transformer rapidement tous les Tibétains en de bons petits Chinois. Quand le dalaï-lama comprend son erreur, en 1959, il s’enfuit vers l’Inde voisine pour créer un gouvernement tibétain en exil. Toute une diaspora ne tarde pas à le rejoindre à Dharamsala. En pleine guerre froide, l’histoire de ce jeune homme qui défie une puissance communiste fait la une des journaux. La Chine enrage. Alors qu’elle voulait étouffer le Tibet, voilà que son leader devient populaire à travers la planète. Contraint à l’exil, le dalaï-lama va consacrer sa vie à mobiliser l’opinion publique sur le sort du Tibet et des Tibétains. Il est reçu par tous les grands de ce monde, il décroche même le prix Nobel de la Paix en 1989… Et pourtant, rien n’y fait : le Tibet reste sous la coupe chinoise.
Des enfants enlevés
L’an dernier, un rapport de l’Onu dénonçait une nouvelle fois la politique d’assimilation forcée menée par la Chine au Tibet : «Environ un million d’enfants de la minorité tibétaine sont affectés par les politiques du gouvernement chinois visant à assimiler les Tibétains sur les plans culturel, religieux et linguistique par le biais d’un système de pensionnat.» Les bambins sont enlevés à leur famille dès l’âge de 5 ans pour être élevés dans le système chinois et perdre tous leurs repères tibétains. Malgré ce rapport et bien d’autres, personne n’intervient. Car personne n’a envie de se mettre la Chine à dos, avec toutes les conséquences diplomatiques et économiques que cela suppose. Pour l’heure, le dalaï-lama incarne encore le combat des Tibétains aux yeux du monde. Mais qui se souviendra d’eux quand il ne sera plus là ?
À la frontière indienne
Autre problématique – et pas des moindres : en annexant le Tibet, la Chine s’est offert une immense frontière avec l’Inde. On l’ignore souvent, mais c’est l’une des zones les plus militarisées du monde. Et les escarmouches y sont de plus en plus fréquentes. La Chine représente 1/8e de la population mondiale, l’Inde 1/8e également. Si un conflit devait éclater entre ces deux puissances nucléaires, on n’ose imaginer les conséquences à l’échelle de la planète…
Cet article est paru dans le Télépro du 29/2/2024
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