Le cercueil, de la pompe à la bière

On doit à Napoléon la généralisation du cercueil et le développement des commerces de pompes funèbres © Getty

Ce samedi à 18h15 dans «Faire l’Histoire», Arte se penche sur l’histoire moderne de cette dernière couche, aussi révolutionnaire dans ses enjeux sanitaires que dans ses visées égalitaires !

En Belgique, destiné à être mis en terre ou à être incinéré, le cercueil reste le premier (et presque seul) choix post mortem des Belges. L’inhumation en linceul n’est possible en région bruxelloise que depuis février 2019. Mais qu’en est-il à travers l’Histoire ?

Sommeil VIP

De tous temps, les hommes ont mis leurs morts en terre. Dans un tronc d’arbre, un sarcophage, un linceul… Selon les époques, les lieux et les religions, cette pratique funéraire prend des formes multiples.

En Occident, les premières traces du cercueil tel qu’on se le représente datent du Moyen Âge. Mais il reste rare et réservé au défunt fortuné alors que le mortel quidam n’a droit qu’à la fosse commune.

Obligatoire

L’histoire du cercueil commence véritablement à Paris en 1801, lorsqu’il devient obligatoire. Dès le XVIIIe siècle, l’Europe ne supporte plus la proximité des morts, enterrés autour des lieux de cultes. Odeur pestilentielle des fosses, peur de la propagation des épidémies…

Les cimetières sont refoulés hors des villes par un décret du 12 juin 1804 que Napoléon exporte dans toute l’Europe. Avec les cimetières modernes et la généralisation du cercueil apparaît un nouveau business : les entreprises de pompes funèbres. Car désormais, mêmes les plus pauvres sont tenus de mettre leurs morts en bière.

Enterré vivant

La généralisation du cercueil attise la taphophobie : la peur d’être enterré vivant. La «Dissertation sur l’incertitude des signes de la mort et l’abus des enterrements et embaumements précipités», signée du médecin J-J. Bruhier d’Ablaincourt avive les craintes populaires. Si même la science doute…

Des brevets de «cercueils de sauvetage» se multiplient dès la seconde moitié du XIXe siècle. Levier pour soulever le couvercle, sonnette reliée à la main du mort, arrivée d’air, lampe éclairant l’intérieur du couffin, éjection automatique du corps en cas de mouvement… Les trouvailles ne manquent pas pour parer aux erreurs de diagnostic !

Mort verte

Si les enterrements existent depuis toujours, l’inquiétude quant à son impact écologique est récente. Les alternatives au cercueil traditionnel fleurissent : absence de métal, de colle synthétique, bois local non traité, osier ou même carton. Ces deux derniers matériaux sont d’ailleurs autorisés en Wallonie, depuis le 15 avril 2019, pour les crémations et les inhumations en pleine terre. Aux Pays-Bas, le biodesigner Bob Hendrikx a même conçu un cercueil, le «Living Cocoon», fabriqué à partir de champignons accélérant la décomposition du corps.

Pompe funèbre et mise en bière

Mais d’où viennent ces termes étonnants ? Dans la Rome antique, la «pompe» (du latin «pompa») désignait un cortège populaire (d’où l’expression «en grande pompe»). La «pompa funebris» était la procession accompagnant le défunt vers sa tombe. La bière, en vieux français, était le nom de la civière sur laquelle on posait un mort avant son inhumation.

Cet article est paru dans le Télépro du 28/10/2021

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