Le capitalisme américain pour les nuls

Image extraite du documentaire diffusé ce mardi sur Arte © Arte/Library of Congress/John Vachon

En trois épisodes avec «Capitalisme américain – Le culte de la richesse» ce mardi à 20h55, Arte décrypte le système économique et social made in USA.

Le capitalisme ? C’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le communisme ? C’est le contraire ! Attribuée, selon les cas, au romancier hongrois Arthur Koestler ou à l’écrivain et journaliste français Henri Jeanson, la citation fait mouche au milieu du siècle dernier. Le capitalisme : un système fondé sur la liberté individuelle et la liberté d’entreprendre. Une définition mais plusieurs façons de la mettre en pratique selon, notamment, que l’on se trouve d’un côté de l’Atlantique ou de l’autre, en Europe continentale ou aux États-Unis.

«Arrivé par bateaux»

«Il est arrivé en Amérique avec les premiers bateaux», n’hésite pas à en dire l’historien américain des affaires Thomas Kincaid McCraw. Pour caricaturale qu’elle puisse paraître, cette affirmation n’en est pas pour autant très éloignée de la réalité. Celle d’un pays dont la trajectoire socio-économique est intiment liée au modèle qui fait la part belle à la propriété privée, à la recherche du profit personnel et à la concurrence, le tout (et même un peu plus) en n’accordant aux pouvoirs publiques qu’un rôle très limité.

Club des millionnaires

Au milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle bat son plein aux États-Unis. Dans le même temps que les produits nationaux remplacent le plus possible les importations, les entrepreneurs investissent dans les procédés technologiques les plus modernes. Sciences et inventions progressent à pas de géant. Télégraphe, téléphone, ampoule électrique,…  : 36.000 brevets sont délivrés avant 1860, 440.000 entre 1860 et 1890 et près d’un million entre 1900 et 1925. L’industrie se développe elle aussi. Le travail à la chaîne, notamment, permet à la société Ford de connaître un essor sans précédent. Les succès portent des noms. Comme le rappelle le site medarus.org, l’industrie de l’acier fait de l’immigrant écossais Andrew Carnegie l’homme le plus riche du monde. Les autres gagnants s’appellent John D. Rockefeller, roi du pétrole ou Cornelius Vanderbilt, maître du rail.

Pour augmenter leurs marges bénéficiaires et se protéger davantage de la concurrence étrangère, de nombreuses entreprises décident de se regrouper et de fusionner. À la fin du siècle, les géants ont constitué de nombreux trusts. Ces alliances assurent et confortent leur prospérité. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la deuxième révolution industrielle donne un nouveau coup de boost aux capitalistes US. La grande crise de 1929 sera compensée par l’effet du second conflit planétaire sur l’économie. Devenus première puissance économique mondiale en 1872, les États-Unis n’ont plus lâcher leur leadership depuis 150 ans.

America first

Ce qui différencie le capitalisme américain et celui de l’Europe occidentale ? Essentiellement la prise de risque. Autant celle-ci fait-elle partie de l’ADN des investisseurs US, autant ceux du Vieux Continent sont-ils frileux, analyse La Revue d’économie politique qui poursuit : «Ceci explique aux États-Unis les réactions des entreprises en cas de récession, le fonctionnement du marché du travail, la structure des patrimoines, les niveaux d’endettement, l’absence de socialisation par l’État des risques individuels.» Après avoir surfé sur la consommation de masse post guerre mondiale, négocié les tournants technologiques (avec les «Big Tech» Amazon, Facebook ou Google alias Alphabet) et financiers, après avoir fait subir au monde la crise financière et économique des subprimes, les États-Unis sont revenus à la case protectionnisme sous la présidence de Donald Trump.

Nouveaux «winners»

Comme à ses débuts, le capitalisme américain fleurit. Comme à ses débuts, le club des «winners» met en avant ses membres qui se nomment aujourd’hui Elon Musk (210 milliards de dollars), Jeff Bezos (152) ou Bill Gates (124). Comment, aux États-Unis, la République frugale des pères fondateurs s’est-elle transformée en gouvernement de riches pour les riches ? Comment 722 milliardaires et 22 millions de millionnaires continuent-ils aujourd’hui d’accroître discrètement leur fortune en payant moins d’impôts que leurs secrétaires, en toute légalité ? Éléments de réponses ce mardi à 20 h 55 sur Arte… 

Cet article est paru dans le Télépro du 2/11/2023

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici