Le bruit, tueur silencieux
Méconnue, la pollution sonore aurait pourtant un impact sur notre santé, et pas uniquement sur l’ouïe. Un sujet évoqué ce samedi à 13h40 sur TF1 dans «Grands reportages».
Il est la source de nombreuses pathologies, engendre des troubles du sommeil, de l’obésité, des maladies cardiovasculaires et des milliers de morts prématurées. Le coupable ? Ni la cigarette ou l’alcool, mais bien le bruit. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la pollution sonore est la deuxième cause environnementale de mortalité dans le monde, juste derrière celle atmosphérique. Focus sur ce tueur méconnu.
Serial bruiteur
Si la musique adoucit les mœurs (à un volume raisonnable !), il n’en va pas de même pour le bruit dénué de mélodie. Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, chaque année, le bruit serait la cause de plus de 12.000 morts précoces sur notre continent. Les experts estiment qu’au-delà de 60 décibels (ou dB), le son nuit, surtout lorsqu’il est répétitif et sur une longue durée. À titre de comparaison, une conversation normale se situe généralement autour de 40 à 60 dB, les voitures et les camions atteignent 70 à 90 dB, quant aux sirènes et aux avions, ils peuvent atteindre 120 dB ou plus.
Oreilles en action
Le trafic routier arrive en tête des bruits parasites qui empoisonnent le plus la santé. Ce dernier fait subir à au moins 20 % des Européens une exposition sonore capable de porter atteinte à la santé, comme l’explique à la RTBF Marie Poupé, experte sur les questions de bruit à Bruxelles Environnement. «On ne s’en rend pas compte, on vit avec et pourtant, notre corps y réagit au niveau de la tension artérielle. Les oreilles n’ont pas de paupières : elles sont toujours actives, elles analysent en permanence le moindre bruit. C’est notre organe d’alerte depuis la nuit des temps.»
En sourdine !
Chez nous, le bruit serait responsable d’environ 200 morts prématurées par an. Là où le bât blesse le plus, c’est au cœur des grandes villes. «En Région bruxelloise, 70 % de la population est exposée à un niveau sonore supérieur à la valeur recommandée par l’OMS», détaille la RTBF. «Chaque habitant de la capitale perdrait ainsi en moyenne huit mois de vie en bonne santé à cause de cette pollution sonore.»
Un problème qui s’accentue durant la nuit où notre tolérance au bruit a tendance à diminuer. Notre sommeil peut être perturbé, sans que l’on en prenne conscience, si un bruit au-delà de 30 décibels seulement surgit. «On ne se souviendra pas forcément d’avoir entendu une sirène en pleine nuit», poursuit Marie Poupé, «et pourtant, notre cerveau a analysé le bruit et notre corps a réagi en conséquence, notamment en sécrétant différentes hormones, des hormones de stress, de l’adrénaline.» Et, à long terme, la présence de ces hormones dans notre corps a un impact sur notre bien-être.
À l’école aussi
Outre le sommeil, le bruit est aussi un grand perturbateur pour la concentration, notamment des enfants, comme l’explique Soraya Ghali dans le Vif. «Une étude menée par l’Institut de santé mondiale de Barcelone montre que les enfants fréquentant des écoles à proximité desquelles la circulation est plus bruyante présentent un développement cognitif plus lent.»
Bon à savoir
Différentes politiques publiques sont mises en place pour atténuer le bruit, comme l’abaissement de la vitesse maximale autorisée sur les routes, le type de moteurs utilisés pour les véhicules ou la plantation d’arbres dans les villes. À côté de cela, il existe des casques anti-bruit ou des bouchons d’oreilles. Ces derniers permettraient de diminuer l’environnement sonore de 20 à 30 décibels. Plus sophistiqué, et donc plus onéreux, vous pouvez également vous rendre chez un audio prothésiste afin de réaliser une protection auditive sur mesure.
Cet article est paru dans le Télépro du 6/4/2023
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