L’alcool non, l’eau ferrugineuse oui !
Depuis quelques temps maintenant, février rime avec sobriété ! De nombreux Belges relèvent, en effet, le challenge de ne pas boire une goutte d’alcool pendant le deuxième mois de l’année.
Si nos voisins français se lancent dans l’aventure de la sobriété durant le «janvier sec», de notre côté de la frontière, ça se passe en février, mois le plus court de l’année (pas fou le Belge tout de même !). L’édition 2020 est la quatrième de la Tournée Minérale et, selon les statistiques de la Fondation contre le cancer, un Belge sur cinq compte y participer. Que dit cette initiative de notre rapport à l’alcool ? Quelles-sont les bonnes alternatives pour le consommateur ? Et quels bénéfices peut-on tirer d’une abstinence ponctuelle ?
Les Finlandais avaient lancé, en 1942, une campagne intitulée «Sober January» dans le cadre d’un effort de guerre.
Mais l’idée de ne pas boire d’alcool durant un mois telle que nous la connaissons aujourd’hui vient d’Outremanche. En Grande-Bretagne, le concept est désormais un véritable succès. La première année, en 2013, 4.000 Britishs ont décidé de se mettre à l’eau durant le mois de janvier. En 2018, ils étaient 100.000. Chez nous, pour sa quatrième édition, une partie de notre plat pays va donc rester sobre pendant tout février. Et, cette année, les organisateurs de la Tournée Minérale, la Fondation contre le cancer, misent sur l’esprit d’équipe pour que ce cru soit une réussite. «Nous avons constaté que la consommation d’alcool se fait souvent en groupe, en réunion», explique le docteur Didier Vander Steichel, directeur général de la Fondation à la RTBF. Difficile, en effet, de décliner un verre lorsque tout le monde est d’humeur festive. Mais si l’abstinence devient un objectif commun, ne pas boire d’alcool est plus aisé. «Cela doit permettre de dire plus facilement non, de rendre cette attitude plus acceptable en société», précise le spécialiste. «Aujourd’hui, après trois ans, nous remarquons que ce refus passe beaucoup mieux.»
Les détracteurs de la Tournée Minérale ne manquent pas.
Certains accusent cette initiative de culpabiliser inutilement les amateurs de «bon vin» et de n’être que peu efficace en raison de son existence ponctuelle. Si le mois sans alcool ne s’adresse évidemment pas aux personnes réellement dépendantes, il a le mérite de questionner notre consommation. «Nous estimons qu’environ 86 % de la population de plus de 15 ans boit de l’alcool, mais seuls 10 % sont dépendants. La plupart des gens boivent beaucoup plus d’alcool qu’ils l’imaginent», assure le docteur Vander Steichel. «La Tournée Minérale a aussi pour but de les aider à mieux gérer leur consommation sur le long terme.» Outre une certaine prise de conscience, les participants à la Tournée Minérale vantent, tous les ans, les bienfaits de leur démarche : perte de poids, meilleur sommeil, regain d’énergie et même, effets bénéfiques sur la tension artérielle et la fonction sexuelle ! Rappelons tout de même que l’OMS recommande une consommation maximale de dix verres d’alcool par semaine et de deux par jour. Enfin, boire quatre verres de vin par jour augmenterait de 50 % la (mal)chance de développer un cancer du sein chez la femme.
Texte : Alice KRIESCHER
Cet article est paru dans le Télépro du 30/01/2020
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