La police maritime belge sur le pont

En mer ou sur voies navigables, le SPN peut compter sur un effectif de 350 à 400 personnes © Getty Images

Contrôle aux frontières, lutte contre la drogue, moyens financiers limités : la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour la SPN. Ce dimanche à 14h50 sur TF1, «Grands reportages» s’intéresse aux gendarmes des mers français. L’occasion de s’intéresser à ce qui existe chez nous, en Belgique.

Vous avez le pied marin ? Piloter un zodiac ou un bateau de patrouille : c’est fait pour vous ? Un travail varié, sur l’eau et dans les ports, avec fonction de police, ça vous dirait ? Si en plus vous êtes dynamique, motivé, flexible, polyvalent… alors, la Police de la navigation vous invite à monter à son bord. C’est en tout cas le slogan qu’elle utilise sur son site Internet et le portrait-robot du collaborateur type qu’elle recherche (outre les administratifs). Mais pour quoi faire au juste ?

Vous avez dit SPN ?

Une précision avant de mettre le cap sur les missions : ne dites plus «police maritime». En 1998 déjà, la gendarmerie reprenait sous son aile les trois polices spécialisées : police des chemins de fer, police des voies aériennes et police maritime. C’est ce qu’on a appelé à l’époque «la petite intégration». Trois ans plus tard, la réforme des services de police transfère les brigades portuaires de l’ancienne brigade maritime de la gendarmerie et leurs territoires à une nouvelle branche de la Police fédérale. La Police de la navigation (alias : la SPN) est née.

Vingt ans plus tard, la police de la navigation belge peut compter sur un effectif de 350 à 400 personnes réparties dans quatre sections : SPN Anvers, SPN Gand, SPN Côte (Ostende + Nieuwpoort & Zeebruges + Blankenberge) et SPN Sud (Liège & Mons). De manière générale, la SPN «assure la fonction de police dans les ports maritimes et dans les principaux ports de plaisance, sur les cours d’eau intérieurs et sur toutes les eaux du territoire belge».

Côté face

Les missions sont à l’image du champ d’action, assez vastes : des problèmes de pollution dans et aux abords de l’eau à la lutte antidrogue, des vols de bateaux ou de moteurs à la sécurité dans les ports, notamment en relation avec le terrorisme. Mais le gros du travail se situe au niveau du contrôle frontalier, où les policiers sont confrontés aux phénomènes de l’immigration illégale et de la traite des êtres humains.

Ce contrôle des frontières est considéré comme «la priorité de la police de la navigation». «Un chantier en cours», précise la Police fédérale. Depuis 2011 et l’arrivée du traitement électronique des visas, la digitalisation n’a cessé de faire évoluer les choses dans ce domaine : scanners de documents pour accélérer l’identification et l’authentification des personnes et des documents, vérification automatisée des équipages des navires, système d’entrée et de sortie (Entry/Exit System, EES) pour gérer les frontières extérieures de l’espace Schengen…

La Police de la navigation intervient aussi en appui d’autres services. C’est le cas pour le contrôle du flux d’illégaux via les ports côtiers belges vers la Grande-Bretagne. La SPN dispose de matériel spécifique comme les scanners mobiles et portables à rayon X pour inspecter ce qui se trouve à l’intérieur d’un conteneur «de manière non intrusive». «Détecteurs de CO2, de drogues ou d’explosifs, sonars et robots sous-marins, catamarans télécommandés…», la Police fédérale fait un état des lieux relativement positif des moyens dont dispose la SPN. Tout le monde ne dresse pas le même.

Côté pile

C’est le cas du SLFP police. «Nous sommes le parent pauvre», estime Vincent Gilles, le président national du syndicat. Selon lui, le service n’a pas arrêté de se dégrader depuis sa création, tant au niveau des moyens financiers qui y sont consacrés que du matériel dont il dispose. «Par manque de moyen, la Police fédérale a ergoté sur l’entretien des moteurs maritimes des bateaux (qui étaient déjà de seconde main, achetés aux Pays-Bas).»

Il va plus loin : «Le SPN au poste d’Ostende à une carence en personnel de 40 %. Côté matériel, il n’y a plus d’argent pour acheter du neuf. La question est donc : aurons-nous bientôt une Police maritime à bord de véhicule roulant ?»

Cet article est paru dans le Télépro du 16/6/2022

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