La forêt brûle et on regarde ailleurs
Les images spectaculaires des feux de forêt qui ont ravagé l’Australie nous ont rappelé à quel point le monde sylvestre est en danger.
Jeudi, en début de soirée, Arte propose deux documents consacrés aux forêts et aux défis auxquels ces écosystèmes font face. Direction d’abord la Tasmanie, à 18.15, avec «À la reconquête des forêts», ensuite, à 18.55, retour sur les feux qui ont ravagé l’Australie.
Que ce soit à cause de phénomènes climatiques ou de déforestation massive, les forêts, ainsi que leur faune et leur flore, sont de plus en plus fragilisées.
Il y a le feu !
Les forêts sont d’une importance capitale pour le bien-être de notre écosystème. Alors, lorsqu’en juin 2019 les images des forêts australiennes en flammes nous parviennent, il y a de quoi s’inquiéter. Certes, les feux de brousse en Australie ne sont pas inhabituels. Dans ce climat aride, la végétation s’embrase souvent durant l’été. Cependant, ces trois dernières années, les brasiers ont atteint une intensité sans précédent.
Durant les 240 jours d’incendies, trente-trois personnes ont perdu la vie, 12 millions d’hectares ont été détruits et près de 3.000 habitations sont parties en fumée. Si les photos et vidéos des koalas blessés ont ému le monde entier, de nombreuses autres espèces ont été touchées. Si l’on compte les arthropodes, les vers et les insectes indispensables à la chaîne alimentaire, les victimes animales se comptent en milliards.
La biodiversité peut-elle se relever d’un tel drame ? «D’un point de vue général, plus le feu est étendu et important, plus le système mettra du temps à se régénérer», détaille David Phalen, professeur du département vétérinaire de l’université de Sydney et spécialiste de la biodiversité australienne. «Il faudra donc au moins plusieurs années pour que la vie reprenne son cours, et l’intervention de l’homme sera parfois nécessaire pour retrouver l’état d’origine des forêts.»
Au début il n’y avait rien…
Si l’homme est bien souvent responsable de la destruction des forêts, il peut aussi être à l’origine de leur renaissance. C’est le défi que s’est lancé le botaniste français, Francis Hallé, spécialiste des plantes tropicales. Son rêve un peu fou ? Recréer une forêt primaire, comprenez qui n’a jamais connu l’intervention de l’homme. Ces forêts à la biodiversité d’exception, que l’on peut aussi qualifier de «vierges», sont aujourd’hui en voie d’extinction.
À l’heure actuelle, les dernières forêts primaires se trouvent en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Indonésie. «Toutes subissent un déclin alarmant. En Europe, elles ont quasiment disparu depuis 1850 et l’admirable forêt primaire de Bialowieza en Pologne est la seule qui subsiste encore. Malheureusement elle est, elle aussi, en grand danger», relate le site de l’association de Francis Hallé.
Pour concrétiser son projet, ce dernier et son équipe recherchent 70.000 hectares où faire grandir une forêt sans aucune gestion humaine. Selon l’expert, la création d’une telle forêt serait la meilleure réponse «aux exigences de la régulation du climat, au stockage de carbone et donc au maintien de la fertilité des sols.»
Un projet transgénérationnel que l’octogénaire ne pourra pas connaître de son vivant. En partant d’une forêt déjà âgée de 400 ans, on peut recréer une forêt primaire en six siècles. En partant d’un sol nu, il faut compter mille ans.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/11/2020
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