L’ école de demain, c’est aujourd’hui

En Fédération Wallonie-Bruxelles, à 15 ans, un enfant sur deux a déjà doublé au moins une fois... © Isopix

À côté de l’enseignement traditionnel, les alternatives scolaires sont nombreuses. Ce lundi à 21h05, La Trois en donne un exemple avec le documentaire «La Mauvaise herbe».

«L’éducation, ce n’est pas remplir un seau, mais bien allumer un feu.». Comme un drapeau, l’école fondamentale de L’Arbre-en-ciel brandit fièrement cette citation du poète et dramaturge irlandais William Butler sur son site Internet.

Installée dans le hameau de Jassogne, en province de Namur, L’Arbre-en-ciel, créée en 2013, n’est pas une école comme les autres. Ses 120 élèves apprennent selon la pédagogie Steiner-Waldorf, qui repose sur trois aspects de l’enfant : «la tête pour comprendre, découvrir le monde et se comprendre soi-même ; le cœur pour intérioriser ce qu’on a appris et en faire une expérience riche de sens ; les mains pour avoir prise sur le monde et éprouver qu’on peut le transformer».

Enfants, parents et enseignants, tous sont responsables d’une démarche pédagogique que Steiner définissait de la manière suivante : l’école ne devrait servir qu’à donner des opportunités à l’enfant de s’éduquer lui-même. Mais tout cela en tenant compte des impératifs d’un enseignement subventionné par l’État. En réalité, L’Arbre-en-ciel cache une forêt d’écoles alternatives.

Demander les programmes

Multiples et variées, elles sont autant de réponses aux questions que beaucoup se posent sur l’adéquation entre l’offre d’enseignement et l’évolution de la société. L’asbl Couples et familles dresse une liste des éléments les plus marquants qui font la différence avec l’école traditionnelle. En tête de liste : l’absence de cotation sur 20 qui laisse la place à un code couleur permettant d’évaluer les compétences acquises.

D’autres systèmes optent pour des lettres (de A à E, par exemple), d’autres pour des chiffres (de 1 à 4 en Allemagne). Point commun entre ces variantes : le dernier de classe disparaît aussi sûrement que le bonnet d’âne qui lui était associé.

École sans classe ou sans chef, école sans école, démocratique, collaborative, autonome, instruction en famille, pédagogie Freinet, «fondée sur l’expression libre des enfants», école dans la mouvance de la «parentalité positive» et de l’éducation «bienveillante», soucieuse du sentiment de «sécurité» et des émotions de l’enfant…

Triste record…

Supporters et adversaires de ces pistes multiples s’opposent. Chez nous, les idées foisonnent d’autant plus que la Fédération Wallonie-Bruxelles détient le triste record européen du nombre de redoublement : à 15 ans, un enfant sur deux a déjà doublé au moins une fois.

Cent fois remis sur le métier, le Pacte d’excellence et sa pierre angulaire (une formation de base allant des maternelles à la troisième secondaire) sera-t-il LA solution ? Certains se demandent pourquoi un système qui a fait ses preuves n’a pas été choisi comme modèle.

L’exemple finlandais

Cet exemple, c’est celui de la Finlande. L’enseignement fondamental y est articulé autour d’un tronc commun pour les enfants âgés de 7 à 15 ans. Outre le fait qu’il est gratuit, cet enseignement valorise autant les travaux manuels que les matières intellectuelles. Comme le rappelle la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente, les élèves en difficulté sont aidés gratuitement et «le redoublement n’est autorisé qu’à titre exceptionnel». Vingt élèves par classe en moyenne, des enseignants universitaires hautement valorisés…, n’en jetez plus.

Le côté négatif : des jeunes livrés à eux-mêmes et aux pièges d’Internet en raison de journées de cours raccourcies, un taux de suicide élevé, des étudiants parmi les Européens les moins heureux à l’école…

L’école, vaste débat depuis bien longtemps. «C’est la vie qui nous apprend et non l’école», écrivait Sénèque. Et si l’école de demain se rapprochait de la vie ?

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 19/11/2020

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