Journée internationale des droits des femmes : les pionnières de l’égalité en Belgique

De grandes dames, qui ont contribué à l'émancipation des femmes en Belgique... et dans le monde entier ! © Isopix/DR

Ce sont des femmes qui ont voué leur existence à une cause, toujours servant le progrès, une certaine forme de progrès qui n’a rien à voir avec les industries, qui n’est ni visible ni tangible : toutes ont travaillé pour un monde meilleur, pour que s’ouvrent plus grands les esprits, pour partager leurs connaissances.

Toutes remarquables par leur ténacité, dans des domaines différents, elles furent animées par une même volonté : prouver que le cerveau de la femme est aussi performant que celui de d’ l’homme, et qu’il peut fonctionner en même temps que le cœur.

Marie Popelin (1846-1913) : elle ne peut devenir avocate !

Telle une martyre de la lutte des femmes pour l’accès à des professions injustement réservées aux hommes, quand Marie Popelin meurt, à l’âge de 67 ans, c’est d’épuisement. Mais en ayant déclenché un mouvement sans précédent. Diplômée de l’École normale inférieure, elle collabore avec Isabelle Gatti de Gamond, fondatrice de la première école secondaire pour filles à Bruxelles. Puis, à 37 ans, s’inscrit à l’ULB pour en ressortir, en 1888, avec le premier diplôme de droit remis à une femme en Belgique. Avec distinction. Pourtant, le barreau lui est refusé. La raison invoquée ? Marie Popelin est une femme ! Et le métier d’avocat est exclusivement masculin.

Marie Popelin

Parmi ces conséquences : la création de la Ligue belge du droit des femmes, en 1892, première organisation féministe en Belgique. Le programme est féministe, certes, mais prudent : il est centré sur l’abolition de la puissance maritale (égalité des époux), l’accès aux métiers, les emplois et professions pour femmes… Ainsi, des femmes sont nommées, pour la première fois, à des postes jusque-là réservés à des hommes.

Au terme de multiples démarches, Marie Popelin parvient à ouvrir, en 1905, une antenne belge du  Conseil international des femmes.

Isala Van Diest (1842-1916) : sage-femme, oui ; médecin, non !

Aux côtés de Marie Popelin, deux autres femmes se distinguent dans l’histoire de ce combat : Isala Van Diest et Léonie La Fontaine. La première se voit refuser l’inscription à la faculté de médecine à l’Université catholique de Louvain : sage-femme, oui ; médecin, non ! Qu’à cela ne tienne, Isala part étudier dans une université en Suisse, où les femmes sont admises.

Isala van diest

Léonie La Fontaine (1857-1949) : femme de «Mémoires»

Elle marche sur les pas d’une mère aux idées progressistes, qui tient des réunions, à leur domicile, où il est question de pacifisme et de féminisme. Les deux  notions resteront toujours liées, par opposition à la supposée la nature belliqueuse de l’homme, nourrie par sa soif de pouvoir.

Leonie la fontaine

Femme de «Mémoires», elle est à l’origine de l’Office central de documentation féminine et on lui doit un fonds d’archives précieux (au Mundaneum à Mons).

Lucia de Brouckère (1904-1982) : première prof en fac de sciences

Elle ne se contentera pas d’être la fille d’un illustre politicien (Louis de Brouckère), qu’elle admire autant qu’elle aime. Lucia naît avec une soif de savoir doublée d’une vocation de transmettre. Dotée d’une grande intelligence, elle n’a de cesse d’approfondir ses connaissances, surtout en sciences chimiques puisqu’elle décroche à l’ULB, un doctorat, puis l’agrégation. En 1937, elle est la première femme en Belgique  à se voir confier le poste de professeure dans une faculté de sciences.

Au cœur de son combat va se trouver le «libre examen». Lucia est partisane d’un enseignement dégagé de toute entrave politique ou idéologique (en référence au catholicisme omniprésent). Il s’agit d’ailleurs des principes fondamentaux de l’ULB.

lucia de brouckere

Militante pour la démocratie, pour la liberté, elle se trouve sur tous les fronts. Lucia de Brouckère se, en 1934, élue première présidente du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Elle préside la Société belge de chimie dès 1958 et, en tant que chimiste éminente, elle est élevée à l’honorariat en 1974.

Au début des années 1950, quand le sujet est encore plus que tabou, elle œuvre à la dépénalisation de l’avortement. Engagée pour les droits humains sur tous leurs aspects, elle figurera parmi les membres fondateurs, en 1962, du planning familial La Famille Heureuse.

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Andrée de Jongh (1916-2007) : elle fait évader plus de 700 soldats

Née à Schaerbeek il y a un peu plus de cent ans, elle va s’illustrer par son courage pendant la Seconde Guerre mondiale. Dès 1940, elle intègre un réseau de résistants, puis crée une filière d’évasion vers l’Espagne. Avec le soutien d’Anglais et de Français, elle trace la «ligne Dédée» (plus connue sous le nom de «ligne comète»), qui part de Bruxelles, traverse la France, la frontière espagnole par la chaîne des Pyrénées, pour aboutir à Gibraltar. Andrée de Jongh aura aidé à s’évader plus que de 700 soldats alliés.

andree de jongh

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Edith Cavell (1865-1915) : l’héroïne de guerre 

Peut-être la plus célèbre, Edith Cavell est un peu l’archétype de la femme dévouée, celle pour qui intégrité, devoir et don de soi, prévalent. Comme Gabrielle Petit, fusillée en 1916, à 23 ans, par la police allemande, pour espionnage, Edith Cavell est une héroïne de guerre.  

Edith cavell

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Gabrielle Defrenne : le cas Sabena 

Fin des années 60, les choses bougent. Les inégalités sociales et les lois ou règlements discrimina­toires, toujours au détriment des femmes, engendrent des contestations de plus en plus bruyantes.  

Le traité de Rome, à la base de la Communauté européenne, avait créé un article sur l’égalité des salaires. Or, seule la France, cédant à la pression des féministes, l’appliquait, bon gré mal gré. En Belgique, la révolte grondait, mais n’avait pas encore ébranlé le pouvoir.  

En 1968, Gabrielle Defrenne, 40 ans, hôtesse de l’air à la Sabena, est contrainte à la retraite. Ses homologues masculins, eux, peuvent travailler jusqu’à l’âge légal de la pension (55 ans), engrangeant ancienneté et avantages salariaux. Les femmes n’y ont pas droit. Stewards et hôtesses de l’air font pourtant exactement le même travail. Gabrielle Defrenne porte plainte pour discrimination sexuelle. Éliane Vogel-Polsky, son avocate, solidaire, porte l’affaire au-delà des tribunaux belges. C’est la Cour de justice européenne qui finit par donner raison à l’hôtesse. Et l’affaire change le cours des choses… 

Sœur Emmanuelle (1908-2008) : Yallah ! 

«Il ne faut jamais s’arrêter dans la vie, il faut toujours courir, s’acharner». Sœur Emmanuelle, partie en 2008 à la veille de passer le siècle d’âge, demeura longtemps une des personnalités préférées des Belges (et des Français). Ce petit bout de femme, tout en sincérité et en franc-parler, qui avait épousé la religion catholique, n’en restait pas moins lucide quant à la nature humaine. Quand le Pape en était encore à prohiber toute sorte de contraceptions, elle distribuait des préservatifs, avec l’espoir de réduire le nombre d’enfants venant au monde pour mourir de faim.  

Sœur Emmanuelle n’avait de cesse de secourir les plus démunis. Y compris intellectuellement, consciente que l’indépendance s’acquiert avec un minimum de culture et d’ouverture d’esprit. 

soeur emmanuelle

Les années passant, elle fonda l’association Sœur Emmanuelle qui aide aujourd’hui des millions d’enfants de par le monde. Et, à 93 ans, elle se sentit suffisamment en forme pour s’investir dans un foyer de SDF, dans le Midi de la France. Son abnégation et son dévouement sans limite, lui valurent des médailles, mais elle n’en avait que faire. Chez elle, donner, c’était vital. Viscéral, même. Yallah ! 

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Textes : Corinne Castin

 

 

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