Jeux en ligne : rien ne va plus !
Casinos en ligne, paris, loteries… : la planète jeux flambe sur la Toile. Ce dimanche à 13h40 sur TF1, «Grands reportages» s’intéresse à ce phénomène de société.
Qui aurait misé sur eux il y a deux ans à peine ? Eux, ce sont les jeux de hasard en ligne. En Belgique, pour la première fois, ils viennent de dépasser les jeux «of line» pratiqués dans les casinos «terrestres», les cafés, les librairies… Le basculement amorcé en 2020 lors du début de la pandémie de covid-19 s’est poursuivi en 2021 : 136.888 joueurs en ligne par jour, c’est deux fois plus qu’en 2019. Les jeux de hasard en Belgique représentent près de 1 milliard d’euros, dont 595,9 millions (61,49 %) pour les jeux en ligne.
Pari gagnant
Depuis leur apparition au milieu des années 1990, les jeux d’argent en ligne ont connu une croissance fulgurante. Au départ, une vingtaine de sociétés avaient parié sur eux. On dénombre actuellement plus de 2.500 sites sur la planète. Casinos virtuels, poker, paris sportifs constituent désormais une véritable mine d’or. Les bénéfices générés sont colossaux. Le chiffre d’affaires mondial est estimé à près de 38 milliards d’euros. En 2020, on estimait déjà que les revenus mondiaux de l’industrie du jeu étaient trois fois plus importants que ceux de l’industrie de la musique.
Jouer partout, tout le temps
Il faut dire qu’Internet a changé la donne, permettant aux joueurs de jouer n’importe où et n’importe quand. C’est là que souvent le danger peut guetter. Le matraquage par les pop-ups vantant tel ou tel jeu attire le client qui peut jouer plusieurs parties à la fois, mais aussi à un rythme excessivement soutenu. Le temps entre la mise et le résultat étant réduit, les mises peuvent se multiplier à un rythme effréné.
Et comme celles-ci se font par cartes électroniques, les pertes sont moins palpables que s’il s’agissait d’argent «sonnant et trébuchant». L’activité peut se pratiquer chez soi, seul, sans le regard d’autrui, éventuellement sous l’emprise de l’alcool ou de substances qui «facilitent la prise de risque et les excès dans le jeu», décrit le site joueurs.aide-en-ligne.be.
Le pari dont il était question plus haut est donc loin d’être gagnant pour tout le monde.
Addiction
En Belgique, le jeu d’argent en ligne est légal depuis le 1er janvier 2011 et la nouvelle loi sur les jeux de hasard. En 2018, lors de sa grande enquête de santé quinquennale par interview, Sciensano estimait déjà que près d’un Belge sur trois avait pris part à un jeu de hasard dans le courant de l’année et que trois personnes sur mille jouaient tous les jours. Pour les raisons décrites précédemment, l’étude concluait que les joueurs (majoritairement des hommes) en ligne étaient plus exposés au risque d’addiction que les joueurs traditionnels.
La prochaine étude aura lieu l’an prochain, mais le rapport de la Commission des jeux de hasard donne déjà quelques indices sur l’évolution de la situation. «On ne peut que regretter que plus de dix ans après sa légalisation, le jeu en ligne fasse encore l’objet d’une réglementation si sommaire», écrit dans l’introduction la présidente Magali Clavie. «Sa plus grande accessibilité tant spatiale que temporelle peut constituer un facteur de risque de dépendance pour le joueur», poursuit-elle.
1 sur 1.000
Pour lutter contre le jeu illégal en ligne, la Commission a placé 122 sites illégaux sur sa liste noire, mais aussi réussi à en convaincre une soixantaine à se rendre inaccessibles en Belgique.
De leur côté, cliniques du jeu, «Joueurs anonymes», associations de prévention des abus et de protection des joueurs multiplient les initiatives. Certains acteurs du secteur investissent eux aussi dans des projets pour prévenir les addictions de ce type qui touchent 1 joueur sur 1.000. Avant que, peut-être, une loi ne leur impose de détecter les comportements déviants.
Cet article est paru dans le Télépro du 9/6/2022
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