Inoxtag : « Stoppez les écrans. Sortez ! »

Le Youtubeur a réussi le défi lancé à la montagne © DR/Prod.

Le jeune influenceur de 22 ans affole les audiences de YouTube depuis la mise en ligne de « Kaizen », le documentaire qui raconte son ascension de l’Everest. Une aventure diffusée sur TF1 mardi à 23h30.

Du jamais vu ! 340.000 spectateurs en France, mais aussi en Belgique, ont payé leur place pour assister aux avant-premières d’un documentaire mis en ligne gratuitement sur YouTube quelques heures plus tard et visionnépar plus de 11 millions de personnes le premier jour. Cette performance, on la doit à Inoxtag, le youtubeur star français suivi par plus de 20 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.

Défi commun

En avril dernier, Inès Benazzouz, alias Inoxtag, quitte la France pour gravir l’Everest et ses 8.848 m d’altitude. La veille de son départ, il laisse ses fans avec une simple vidéo d’au revoir. « J’ai le droit de rêver, et toi aussi, tu as le droit de rêver. C’est pour ça que je vais vous emmener là-haut avec moi. Je grimpe pas l’Everest, on grimpe l’Everest », déclare-t-il.

« Depuis mes débuts à 11 ans sur YouTube, j’ai toujours aimé me lancer dans des aventures. Et il y a un milieu que je ne connaissais absolument pas, c’était la montagne. Donc je me suis fixé ce défi fou », déclare-t-il lorsqu’il évoque son projet pour la première fois. Pendant un an, le jeune homme filme son entraînement avec le guide de haute montagne Mathis Dumas. « Énormément de sport à Paris et tous les mois, nous partions aussi une semaine ou deux à Chamonix pour que je sache m’encorder, gérer une situation compliquée, me sécuriser. »

Inoxtag ne cache pas à ses followers les risques liés à son aventure. « Il y a beaucoup d’accidents en montagne, que ça soit des avalanches ou des chutes de blocs de glace, des crevasses… Sur l’Everest, il y a un passage qui s’appelle «  l’ice fall  » où tu marches sur des échelles. Tout est en mouvement là-bas. Si tu n’as pas de chance, un bloc te tombe dessus et tu ne reviens pas. »

Grosse production

Inoxtag ne part pas seul. Il est accompagné de Mathis, d’un photographe, d’un coach sportif et de sherpas. Et autour d’eux se cachent des dizaines de techniciens équipés de caméras, de drones et autres micros haut de gamme. Le prix de l’expédition dépasse le million d’euros entièrement pris en charge par huit sponsors, prêts à payer cher l’image de l’influenceur.

Pendant cinq longs mois, Inoxtag met ses réseaux sociaux en veille et entretient le suspense sur l’issue de son défi. Il sort de son silence fin août en publiant la bande-annonce de « Kaizen : un an pour gravir l’Everest », son volumineux documentaire de plus de deux heures trente et dont la sortie est fixée au 13 septembre. « Kai en japonais, ça veut dire changement, et zen signifie meilleur. C’est lié à «  l’esprit shônen  », celui de toujours vouloir se dépasser et devenir la meilleure version de soi-même », explique-t-il.

Paradoxalement, depuis son retour, l’influenceur prône la déconnexion. « Faut se lancer des projets, faut arrêter d’être devant des écrans, de scroller et de vivre à travers les autres. Sortez ! » Mais pense à son prochain défi. « Je n’ai pas envie de faire plus impressionnant, je veux juste faire différent. » •

Polémiques

Tout le monde n’applaudit pas Inoxtag. « Son ascension signe la désacralisation de l’alpinisme par le monde du spectacle », dénonce le philosophe Pascal Bruckner. « C’est la « youtubisation » du monde. » Dans Le Figaro, l’alpiniste français Pascal Tournaire n’est pas plus tendre. « Inoxtag a du talent, du charisme, il ne triche pas, mais il faut rappeler qu’un gamin et une gamine de 14 ans, un papy japonais de 83 ans ont aussi réussi à monter là-haut. Le youtubeur entend dénoncer la « surfréquentation » frappant l’Everest et les problèmes environnementaux qu’elle pose. Son film ne va faire que développer cet engouement stupide ! »

Cet article est paru dans le Télépro du 3/10/2024

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