Infidélité : l’humain, ça trompe énormément !
Pourquoi est-il défendu d’être infidèle ? Le sujet reste tabou. La question semble saugrenue… La réponse n’est pas évidente !
Les époux se doivent mutuellement fidélité. C’est l’article 213 du Code civil. Et pourtant… On le sait, on le voit : nombreux sont les coups de canif dans le contrat. Dimanche à 23h35, Arte explore «Les Dessous de l’infidélité», avec les commentaires éclairés de la psychothérapeute belge Esther Perel.
Mais pourquoi tromper est-il traditionnellement condamné ? Pourquoi la fidélité s’est-elle imposée ? C’est une longue histoire…
Mon fils, mon héritier
Comme la plupart des mammifères, l’humain n’est pas monogame par nature. Il l’est devenu pour se conformer aux règles de la vie en société. Ces règles ont varié en fonction des lieux et des époques mais, aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, l’union officielle d’un homme et d’une femme a toujours été accompagnée d’un devoir de fidélité. Les religions s’en sont ensuite mêlées, ajoutant un aspect moral à la chose.
En réalité, le problème n’est pas de cet ordre. Il s’agit d’abord d’une question de filiation. Imposer à une femme de n’avoir qu’un seul partenaire, c’est pouvoir établir de manière sûre qui est le père de ses enfants. C’est-à-dire à qui l’homme transmettra son nom, son titre, ses domaines, ses biens… La fidélité avait donc pour objectif de préserver les structures de la société.
Mariages de convenance
Les règles étant faites pour être contournées, l’infidélité est aussi ancienne que le mariage. Elle a cependant été perçue différemment au fil du temps. Depuis l’apparition (récente) du mariage d’amour, la tromperie est vécue comme une trahison. Au temps des mariages de convenance, les relations extraconjugales n’avaient pas cette connotation.
Personne ne s’est jamais ému qu’un roi de France, par exemple, multiplie les bâtards. L’infidélité semblait tout aussi banale pour le notaire ou le commerçant. C’est tout le ressort du théâtre «à la Feydeau». Et c’était encore pareil pour le paysan, dont la légitime était une teigne, qu’il n’avait épousée que pour ses terres bien exposées. À tous les niveaux de la société, tromper a donc été longtemps accepté… Mais uniquement pour les hommes ! La femme, elle, devait rester fidèle à son époux, pour protéger son ventre de la semence d’un autre.
Révolution contraception
Le Code pénal belge de 1867 est très révélateur à ce propos. Il indique qu’une femme est coupable d’adultère dès qu’elle a une relation extraconjugale… Alors que pour un homme, il faut qu’il y ait relation suivie avec une concubine sous le toit conjugal. La loi ne condamne donc pas l’adultère masculin, mais uniquement le ménage à trois, qui fait désordre. Cette manière de penser semble totalement dépassée.
C’est qu’entretemps est survenue une vraie révolution : la maîtrise de la contraception. L’infidélité féminine n’expose donc plus aux mêmes risques. La loi du 20 mai 1987 est venue entériner l’évolution des mœurs en dépénalisant l’adultère. Une réforme des divorces a suivi, donnant à l’infidélité un moindre poids que par le passé.
L’infidélité en chiffres
Les chiffres relatifs à l’infidélité sont rares. Lors de son lancement en 2014, Gleeden, la plateforme de rencontres extraconjugales, avait mandaté l’IFOP pour réaliser un sondage sur le sujet. Résultat ? 74 % des Belges estiment qu’il n’est pas possible de rester fidèle à la même personne toute sa vie. 51 % des hommes et 29 % des femmes avouent avoir déjà été infidèle à leur partenaire.
Aujourd’hui, Gleeden affirme avoir 500.000 membres en Belgique francophone. Dans le même temps, et contrairement à ce que l’on imagine souvent, les chiffres du mariage sont stables. Depuis une bonne trentaine d’années, 90.000 personnes se passent la bague au doigt chaque année.
Cet article est paru dans le Télépro du 1/7/2021
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