Inégalités financières : quand les femmes font leur compte…

Au XXIe siècle, dans les pays développés, en dépit des luttes menées, les femmes restent victimes de mécanismes invisibles qui limitent leur indépendance financière… © Getty Images

De l’enfance à la retraite, du salaire au patrimoine, les inégalités financières perdurent entre les sexes. Ce mardi à 21h sur Arte, un documentaire examine les mécanismes qui font que «les femmes riches ne courent pas les rues» …

« Changement d’époque chez L’Oréal : Françoise Bettencourt Meyers va quitter le conseil d’administration du groupe ». La nouvelle tombe le jeudi 6 février, presque sans faire de bruit. À 71 ans, la vice-présidente tirera sa révérence lors de l’assemblée générale du géant français des cosmétiques en avril prochain. Écrivaine, Françoise Bettencourt Meyers est surtout la femme d’affaires la plus fortunée du monde. Pour le magazine économique américain Forbes, elle « pèserait » 1 milliard de dollars et intégrerait le club très fermé des super-milliardaires. Mais, selon le Bloomberg Billionaires Index du 17 février dernier, elle n’occuperait « que » la 19e place du classement des personnes les plus riches.

Les héritières

L’année dernière, le magazine Forbes titrait : « Les femmes ne représentent qu’un peu plus de 13 % du classement des milliardaires dans le monde. Or elles n’ont jamais été aussi riches ». La fortune totale de ces 369 femmes (sur 2.781 milliardaires) s’élève à près de 1.800 milliards de dollars. Une des particularités significatives des femmes dont le nom figure dans ces classements est l’origine de leur fortune. Pour la grande majorité d’entre elles, il s’agit d’un héritage. Deux exceptions notables. Pour MacKenzie Scott (5e), c’est le divorce d’avec Jeff Bezos (« Monsieur Amazon ») qui a fait d’elle une milliardaire. Quant à Rafaela Aponte-Diamant (7e), elle est la seule self-made woman du top 10 féminin. Voilà pour le côté bling-bling. Un carré d’arbres dorés qui cache une forêt bien moins clinquante.

Moins riches que les hommes

Partout dans le monde, les écarts de richesse entre les hommes et les femmes sont une réalité. La différence de rémunération en est une des raisons. En 2022, dans l’Union européenne, le salaire horaire brut moyen des hommes était supérieur de 12,7 % à celui des femmes, soit une différence d’environ un mois et demi de salaire par an. En novembre dernier, en Belgique, le Service public fédéral Emploi publiait des statistiques sur les rémunérations horaires brutes chez les femmes et les hommes. L’écart salarial était moindre : 5 %. Par contre, si la comparaison se base sur le salaire annuel, la marge est nettement plus impressionnante. Dans son rapport 2024, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes estime que l’écart entre les deux sexes atteint 24,7 % dans le secteur privé, 14 % dans le secteur public. Chez les sportif/ve/s rémunéré/e/s, tous les records sont battus : 80 %. Depuis 1976, les femmes ont le droit d’ouvrir un compte en banque, mais pour y mettre quoi ? En général, bien moins que les hommes en tout cas.

Pensionnées, même combat

La pension ne change rien à l’histoire. Les inégalités antérieures à la retraite sur le marché du travail (et le travail à temps partiel plus fréquent chez les femmes) creusent l’écart. « Dans tous les pays de l’Union européenne, la pension moyenne des femmes est inférieure à celle des hommes », lit-on dans le rapport 2024 du Bureau fédéral du plan. En Belgique, la différence s’élève à 25 % (la moyenne européenne est de 26 %). Autre constat : plus fréquemment chez nous qu’ailleurs en Europe, les femmes âgées ne disposent pas de leur propre pension. La raison ? Dans un couple, « la personne ayant la pension la plus élevée perçoit un montant de pension plus élevé si la personne ayant la pension la plus basse renonce à ses droits à la pension. Ce sont pratiquement toujours des femmes qui renoncent à ces droits ». Moins de gains, d’épargne, de retraite et de patrimoine : même si les chiffres par âge témoignent d’un écart salarial moins important, voire très légèrement négatif chez les moins de 25 ans (-0,2 %), « à travail égal, salaire égal » reste un slogan, très éloigné de la réalité.

Cet article est paru dans le Télépro du 27/2/2025

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