Histoire : les grandes vacances et congés d’été à travers le temps
Pour beaucoup, été rime avec farniente. Une habitude qui ne date pas d’hier, puisque, dès l’Antiquité, les riches Romains profitent de la saison estivale pour se mettre au vert.
«Vacances j’oublie tout. Plus rien à faire du tout…», chantait le groupe Élégance en 1982. Alors que l’été vient de débuter et que les cartables sont bientôt rangés, l’heure du départ va sonner.
Si les vacances (du latin «vacare», être libre, inoccupé, oisif) sont souvent associées aux premiers congés payés en 1936, elles sont pourtant bien plus anciennes.
Dès l’Antiquité, la pause estivale est une habitude bien ancrée chez les riches Romains, désireux de fuir la chaleur de la Ville éternelle durant les périodes dites caniculaires. Soit entre le 24 juillet et le 24 août, lorsque l’étoile Sirius (appelée en latin «canicula», petite chienne) monte au firmament.
Nombreux sont les Romains à profiter de leur villa de Campanie. Pompéi, victime du Vésuve en 79, et Baïes, appréciée de l’empereur Néron, figurent parmi les stations de villégiatures les plus prisées.
Des congés spirituels
Durant le Moyen Âge, l’été est loin d’être une période de repos, travaux agricoles obligent. Néanmoins, les jours de congé sont nombreux au fil de l’année. Entre les fêtes de villages, de saints locaux, ou de corporations, les jours chômés s’élèvent à… 190 par an !
Par contre, à cette époque pieuse, il n’est, à l’inverse de la Rome antique, pas question de loisirs durant ces périodes de relâche, mais plutôt de pèlerinages et de prières. Le mot anglais «holidays» (littéralement «jours saints») pour désigner les vacances est d’ailleurs un héritage médiéval.
À cette période, des «grandes vacances» scolaires sont aussi instituées : en 1231, le pape Grégoire IX accorde un mois de congé aux étudiants, entre août et septembre, pour leur permettre de participer aux vendanges. Une habitude étendue à tous les niveaux d’enseignement et perpétuée jusqu’à aujourd’hui.
Du «Grand Tour» au tourisme
À la Renaissance, la baisse de la ferveur religieuse aidant, les mentalités changent et le travail est valorisé. Le nombre de jours de repos diminue. Et la façon de les occuper s’en trouve, elle aussi, modifiée.
Au XVIIIe siècle, les voyages culturels, déjà pratiqués dans la Rome antique, se développent à nouveau sous l’influence britannique. «Les rejetons des grandes familles sont envoyés en Italie – outre Rome, Pompéi devient une étape incontournable – pour parfaire leur formation, c’est « The Grand Tour », qui est aussi et souvent surtout une occasion de faire la fête (de là nous vient le mot « tourisme » !)», écrit Yves Chenal dans «Une histoire des vacances» (herodote.net).
Au XIXe siècle, les Britanniques, grâce à leur économie florissante, font encore rimer congé avec santé et lancent la mode des vacances au grand air et des cures thermales. Ils apprécient la douceur du Midi – on leur doit d’ailleurs la Promenade des Anglais à Nice – ou les Alpes en hiver, les lacs italiens au printemps et les stations thermales (Spa, Brighton, Dieppe…) en été.
Et dès 1841, le précurseur Thomas Cook – premier «tour operator» – organise le tout premier voyage organisé ! «Les Britanniques ont donc été les premiers à inventer la pratique, les lieux et les saisons du tourisme», écrit Véronique Dumas dans «Le tourisme, quelle aventure !» (Historia). «Vers 1850, ils sont imités par les Européens.»
Mais pour que le tourisme ne devienne un phénomène de masse, il faut attendre le XXe siècle, avec les congés payés et, surtout, les Trente Glorieuses.
Cet article est paru dans le Télépro du 23/6/2022
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