Guerre froide en Afrique

L’URSS a soutenu plusieurs rébellions ou régimes africains, comme en Angola, en Somalie ou en Éthiopie © Corbis via Getty Images

Durant la guerre froide, Washington et Moscou ont rivalisé d’influences sur l’Afrique. À peine décolonisé, chaque pays a dû choisir son camp.

Quand on évoque la guerre froide, on se souvient d’un conflit entre deux blocs : l’Est et l’Ouest. L’URSS d’un côté, les États-Unis de l’autre. Mais ces deux superpuissances vont se livrer une guerre d’influence aux quatre coins du globe. On songe à l’Europe, divisée en deux par le mur de Berlin. Mais l’Afrique ne sera pas épargnée… C’est le sujet de « Retour aux sources », samedi à 20h35 sur La Trois : « Afrique, point chaud de la guerre froide ».

Le pari du Ghana

La Maison Blanche et le Kremlin ont les yeux rivés sur l’Afrique dès la fin des années 1950, lorsque la décolonisation s’annonce. Car l’Afrique est un immense réservoir de matières premières. Mais chacun des deux blocs rêvant d’exporter son idéologie, chaque nouveau pays est d’abord un futur allié potentiel… Lorsque le Ghana proclame son indépendance – de la Grande-Bretagne -, en 1957, le futur président, Kwame Nkrumah, rêve de moderniser son pays pour le sortir du sous-développement.

Il comprend vite qu’il n’en a pas les moyens. Ni économiques, ni technologiques. Comme il a étudié aux États-Unis, il demande d’abord l’aide de Washington. Eisenhower l’accueille chaleureusement et lui assure son soutien dans un projet de barrage, essentiel au développement du réseau électrique. Pourtant, quelque temps après, Nkrumah est reçu au Kremlin, avec lequel il signe d’autres projets. La Maison Blanche peste, mais ne rompt pas ses relations avec le Ghana. Pas question que le pays tombe dans l’escarcelle soviétique ! Nkrumah a réussi son pari : pour s’assurer une réelle indépendance, il a joué la concurrence des alliances.

La CIA aux abois

C’est un autre scénario qui se joue au Congo. Après l’indépendance de 1960, le Premier ministre, Patrice Lumumba, doit faire face à nombre de difficultés. Notamment les velléités sécessionistes du Katanga. La crise est suivie de très près par les USA et l’URSS, car le sous-sol katangais est riche en uranium, une matière indispensable pour le nucléaire. C’est d’ailleurs avec l’uranium du Katanga qu’a été fabriquée la bombe d’Hiroshima. Quand Lumumba choisit de demander l’appui de l’URSS, les États-Unis s’affolent. La CIA a toutefois repéré un militaire prêt à faire sédition : Mobutu. C’est donc avec l’aide très active de Washington que Mobutu prend le pouvoir. L’assassinat de Lumumba déclenche cependant un tollé à travers l’Afrique, où l’impérialisme occidental est largement critiqué.

Dans les années 1960, les nouveaux leaders africains préfèrent dès lors se tourner vers l’URSS. C’est le cas de la Somalie – zone stratégique de la Corne de l’Afrique que Brejnev est ravi d’accueillir dans son giron. Ce sera aussi le cas de l’Éthiopie. Et de l’Angola, où le jeu d’influences se transforme en véritable guerre civile – avec un camp soutenu par l’URSS via Cuba et l’autre par les USA via le Zaïre.

Et maintenant, les Chinois

L’Amérique de Reagan reprend la main au début des années 1980. L’URSS, alors empêtrée dans la guerre en Afghanistan, est à bout de souffle. Le régime s’effondrera à la fin de la décennie, mettant un point final à la guerre froide. C’est l’occasion pour les pays africains de reprendre leur destin en main. L’élection de Nelson Mandela à la tête de l’Afrique du Sud en est le symbole. Mais l’Afrique est depuis la proie de nouvelles convoitises… À l’heure où Chinois et Russes rêvent d’une influence dominante sur le continent noir, l’histoire est en passe de se répéter.

Cet article est paru dans le Télépro du 27/3/2025

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