Géopolitique : les empires contre-attaquent

Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping : une poignée de main très amicale © POOL/AFP via Getty Images

Russie, Chine, Iran : les trois États rêvent de reconquérir leur puissance d’antan. À tout prix. Un sujet évoqué ce mardi à 21h sur Arte avec le documentaire «Russie, Chine, Iran – La revanche des empires».

Le début de cet article pourrait parodier le style d’un nouvel épisode de « La Guerre des étoiles ». Il y a bien longtemps, dans une galaxie proche, très proche, trois empires marquaient la planète bleue de leur emprise. Dépossédés depuis de leurs pouvoirs, chacun rêvait de les retrouver. Aujourd’hui, Chine, Iran, Russie mettent tout en place pour que la Force soit à nouveau avec eux…

Épisode 1 : « Je suis ton père »

Pour reconquérir leurs « paradis perdus », les trois puissances se tournent vers leurs glorieux ancêtres respectifs. La Chine d’abord. À la fin de l’ère Qianlong, entre 1736 et 1796, l’Empire chinois est à son apogée. Il s’étend sur 12 millions de km², 2,4 millions (80 fois la Belgique) de plus qu’à l’heure actuelle. La dynastie des Qing ne conduit pas seulement le pays à son sommet territorial. Ses souverains visionnaires marquent aussi l’époque sur le plan culturel et économique.

Pour ce qui est de l’Iran, il faut remonter le temps bien plus loin. Le nom de Cyrus le Grand, fondateur de l’Empire (alors appelé la Perse), marque l’histoire. Mais, entre 522 et 486 av. J. - C., Darius Ier donne son extension territoriale maximale à l’Empire. Il le dote aussi d’une organisation rigoureuse et de grandes villes, comme Persépolis, à l’architecture prestigieuse.

Enfin, plus proche de nous, la Russie est à son zénith entre 1682 et 1815. L’Empire dirigé par les Romanov atteint 23 millions de km² contre 17 millions actuellement. La figure marquante est Pierre Ier le Grand (il mesurait 2 m 04…), père de la Russie impériale moderne. Chine, Perse, Russie : trois empires dont le lustre appartenait au passé. Chine, Iran, Russie : trois régimes autoritaires qui s’unissent aujourd’hui pour prendre leur revanche sur l’Occident et restaurer leur puissance impériale.

Épisode 2 :« Le réveil de la force »

Le documentaire diffusé mardi sur Arte met en évidence le point de départ de ces ressentiments. La Chine n’a pas oublié les guerres de l’opium avec l’Empire britannique, symbole de la domination de l’impérialisme occidental au milieu du XIXe siècle. Pour l’Iran, ce qui ne passe pas, c’est le soutien des Américains et des Britanniques au coup d’État royaliste de 1953 (puis au shah d’Iran), sur fond de crise autour des ressources pétrolières du pays. Enfin, du côté de Vladimir Poutine, la chute de l’Union soviétique est vécue comme un affront à laver à tout prix. Pour venger ces humiliations individuelles, les trois puissances décident d’unir leurs efforts. « Après des années de rapprochement silencieux, ils signent des partenariats historiques et cherchent à peser sur l’échiquier mondial. Ils ont une feuille de route commune : mettre fin à l’hégémonie occidentale et restaurer leur zone d’influence respective, particulièrement au Moyen-Orient, en Eurasie et en Asie du Sud. » Pour y parvenir, les échanges économiques, militaires et politiques entre eux se multiplient. La Russie envahit l’Ukraine ? Pékin s’oppose aux sanctions. La Chine met Taïwan dans son viseur ? Moscou soutient. Pétrole iranien ? La Chine achète. Manque de drones et de missiles pour l’Armée rouge ? Téhéran fournit.

Épisode 3 :« Le retour du Jedi »

Comme si cela ne suffisait pas à augmenter l’instabilité mondiale, de nouveaux éléments sont venus secouer un peu plus la planète. Surtout, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche vient brouiller complètement le jeu. Celui qui se surnommait encore il y a peu « le guerrier solitaire » donne l’impression pour l’instant d’avoir renoncé à son sabre laser contre Vladimir Poutine. Mais pas contre le président Xi Jinping ou le Guide suprême Ali Khamenei (même si la République islamique a indiqué récemment être ouverte à des « négociations indirectes »). Les unions d’hier resteront-elles celles de demain ? Comme le dirait maître Yoda : « Difficile à voir. Toujours en mouvement est l’avenir »…

Cet article est paru dans le Télépro du 3/4/2025

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