Faux médicaments, vrai business

Une personne achetant un médicament en ligne a, environ, une chance sur deux de recevoir un produit contrefait ! © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Le trafic des produits pharmaceutiques contrefaits est devenu, ces dernières années, un véritable fléau mondial. Ce mardi à 21h30, Tipik diffuse le documentaire «Traffickers : Fake Pharma».

En 2016, les remèdes contrefaits ont rapporté 200 milliards de $ sur le marché noir. S’attaquant d’abord au pays en voie de développement, aujourd’hui, les faux médicaments sont devenus un problème de santé publique globalisé.

Aucun pays épargné

Selon un rapport de l’OMS, publié en 2017, un médicament sur dix en circulation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire serait falsifié. La même année, l’Université d’Édimbourg (Écosse) rendait un rapport estimant que «72.000 à 169.000 enfants de moins de 5 ans décèdent chaque année d’une pneumonie traitée avec des antibiotiques falsifiés.» Aujourd’hui, aucun continent, aucun traitement et aucune tranche d’âge de patientèle n’est épargné par la contrefaçon. Des vaccins, en passant par la contraception ou le traitement du cancer, plus de 15 % des remèdes en circulation dans le monde seraient des faux.

Automédication en ligne

Dans nos contrées, «les médicaments les plus falsifiés sont des produits sans autorisation de mise sur le marché contre les troubles de l’érection, des produits faussement présentés comme des compléments alimentaires à visée amincissante, les anabolisants et les solutions pour se blanchir la peau», détaille le Figaro. Évidemment, ces produits, qui ne nécessitent pas d’ordonnance, s’achètent facilement sur Internet. Résultat : une personne achetant un médicament en ligne a, environ, une chance sur deux de recevoir un produit contrefait.

Plus lucratif que la drogue

Le business de ce type de contrefaçon est loin d’être neuf. Après des années d’expansion, il a aujourd’hui pris une telle ampleur que certains trafiquants ont délaissé la classique cocaïne pour se lancer à plein temps dans le créneau des faux médicaments, 10 à 25 fois plus lucratif que le trafic de drogue. Concrètement de quoi parle-t-on ? Selon la définition de l’OMS, «un médicament contrefait est un produit dont la composition et les principes actifs ne répondent pas aux normes scientifiques. Il est par conséquent inefficace et souvent dangereux pour le patient.» Un médicament contrefait peut donc être sous-dosé, sur-dosé ou pourvu en substances toxiques ou en additifs, parfois très surprenants, comme du plâtre, de la chaux ou encore du liquide réfrigérant. Dans tous les cas, il peut s’avérer extrêmement dangereux voire mortel pour le patient qui l’ingère de bonne foi.

Un patient averti…

Problème : comme dans toutes bonnes contrefaçons, l’illusion est quasi parfaite. Pour tenter de repérer l’entourloupe, quelques astuces existent néanmoins. «Premièrement n’achetez des médicaments qu’auprès de vendeurs agréés, affichant un certificat et, dans la mesure du possible, achetez uniquement des produits prescrits sur ordonnance. Si vous n’avez pas d’autres choix que de vous fournir en ligne, assurez-vous que le site Web exige la présentation d’une ordonnance», conseille-t-on sur le site d’Interpol. «Méfiez-vous également des pharmacies dont les offres sont trop belles pour être vraies, ‘garantie satisfait ou remboursé’, ‘stocks limités : achetez d’avance’ ou ‘guérit toutes les formes’ d’une maladie grave.»

Le saviez-vous ?

  • La vente de contrefaçons sur le territoire belge est une infraction sanctionnée par le Code de droit économique. En plus de la destruction des contrefaçons, le risque est de cinq ans de prison et une amende de 800.000 €.
  • 42 % des faux médicaments saisis depuis 2013 l’ont été sur le continent africain
  • Durant la pandémie de covid 19, l’Union européenne aurait importé l’équivalent de 121 milliards d’euros de produits de contrefaçon, qu’il s’agisse de médicaments ou de fournitures médicales.
  • En Belgique, 8,8 % des consommateurs ont déjà été conduits abusivement à acheter un produit de contrefaçon. Une personne achetant un médicament en ligne a, environ, une chance sur deux de recevoir un produit contrefait ! 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici