Fast décoration : fast pollution…

Un immense gâchis qui finit bien souvent au recyparc... © France 5/Magnéto Presse

Notre société de consommation et notre mode de vie toujours pressé se passionnent pour les meubles et bibelots peu chers, mais de piètre qualité. Une tendance évoquée ce mardi à 21h05 sur France 5 dans «Déco pour tous, l’envers du décor».

Après le «fast food» et la «fast fashion», la fast décoration – ou fast design -, présente en filigrane depuis plusieurs années, s’est amplifiée durant le confinement lorsque tout un chacun a voulu embellir son intérieur. Plusieurs marques ont sauté sur l’occasion en proposant des objets bon marché à profusion. Sans respecter l’environnement, ni la santé des «petites mains» qui les fabriquent. Ni celle des consommateurs…

Vénération de la nouveauté

Comme la mode à bas coût, vite portée et vite jetée, la déco est désormais sujette à des micro tendances : mini bougies de Noël, bibelots rouge passion pour la Saint-Valentin, mobilier de jardin en été, etc. Avec les réseaux sociaux, ces mouvements de niche viraux créent l’envie aussi irrésistible qu’impulsive de les acheter. Il s’agit de «la vénération de la nouveauté».

Parmi les e-commerces qui en font leur beurre, Shein ou encore Temu affichent un code de conduite sur leurs sites mais, comme le relève Futura Science : «Les informations sur la fabrication sont très floues, parfois non indiquées et si elles le sont, stipulent une provenance asiatique la plupart du temps.»

Produits toxiques

Les premiers à en pâtir sont les ouvriers en usine qui inhalent des produits incertains. Mais aussi les aficionados qui achètent ces objets ayant «des concentrations élevées de substances cancérigènes et deperturbateurs endocriniens qui agressent les narines dès que l’on ouvre les colis.» Parmi eux, on trouve «desmatières non-renouvelables, des ingrédients chimiques et des plastiques pouvant mettre 400 ans à se décomposer.»

En outre, une fois brûlés, ils répandent toutes sortes de substances soupçonnées de libérer dans nos maisons des poussières toxiques. Et la mauvaise construction de ces articles les rend difficiles à réparer. Elle amène donc les consommateurs à s’en débarrasser après quelques mois ou quelques années, ce qui pollue les sols.

Déforestation et transport

Autre matière prisée, le bois de moindre qualité et peu coûteux contribue à la déforestation. À ces offenses à la nature, s’ajoutent les conditions de transport. Car selon Futura Science, «la «fast décoration» est produite hors Europe et acheminée par bateaux, avions ou camions qui génèrent des gaz à effet de serre.» Et puis, acheter des meubles en ligne est peu pratique. Jusqu’à 40 % achetés en ligne sont retournés et leur réexpédition est elle aussi polluante.

Seconde vie

Mais les anti déco rapide se mobilisent de plus en plus, conseillent la «slow décoration» avec cadre épuré ou le recyclage de meubles vintage, plus solides, chinés en magasins de seconde main ou dans les brocantes. «La réparabilité est essentielle. Cela implique de penser la conception et la construction différemment», explique Katie Treggiden, fondatrice de Making Design Circular, au Financial Times. «Récupérer les imperfections ou usures naturelles et redonner une nouvelle vie réduit non seulement les déchets, mais peut également donner à chaque pièce un charme et un caractère uniques. Tout ce que nous fabriquons devrait durer 100 ans. On n’en voudra peut-être pas si longtemps, mais un meuble réutilisé, adapté, réparé, a beaucoup plus de chances de durer !»

Cet article est paru dans le Télépro du 4/4/2024

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