Évangéliques : Make America Pray Again
La réalisatrice norvégienne, Tonje Hessen Schei, montre comment les évangéliques extrémistes ont infiltré les hautes sphères des États-Unis dans un documentaire à voir ce mardi sur Arte à 23 h 35.
On pourrait les prendre pour des hurluberlus peu crédibles avec leurs prophéties à base de «soleil qui se change en ténèbres, lune de sang et jugement final pour les pécheurs…». Il n’en est rien. Loin d’être inoffensifs, les évangéliques américains représentent un puissant lobbyaux États-Unis, avec une réelle influence politique.
L’origine de la «bonne» parole
Pour trouver les fondements de l’évangélisme, il faut remonter au XVIe siècle et à la réforme protestante engendrée, à l’époque, par Martin Luther (1483-1546) et Jean Calvin (1509-1564), notamment. Dans le sillage de ce mouvement de transformation du christianisme, différents groupes religieux vont se diffuser en Europe. Parmi eux, les anabaptistes, les puritains et les baptistes. Persécutés sur le Vieux Continent, ces derniers trouvent refuge en Nouvelle-Angleterre. Là, dans la ville de Providence, Roger Williams, un théologien, fonde la première église baptiste d’Amérique.
Ses intentions sont nobles, il prône la liberté de croyance pour tous, encourage une relation respectueuse avec les Amérindiens et désire séparer le religieux du politique pour garantir la liberté de conscience.
«La vision de Williams est contestée par l‘arrivée des puritains, le courant anglican rigoriste», explique Olivier Thomas dans le magazine L’Histoire. «S’étant donné pour mission de préparer le retour du Christ, ils imposent leur dogme. Cette opposition entre progressisme et conservatisme est essentielle dans la construction des États-Unis qui développent un évangélisme social.»
Trump pour chouchou
Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, ces fondamentalistes imposent plus fortement encore leur conception rigide des textes sacrés. «Dans les années 1980, ils se rapprochent des républicains, donnant naissance à la diffusion des thèses anti-avortement, antihomosexuelles, antiféministes», poursuit Olivier Thomas. Aujourd’hui, on estime que l’évangélisme compterait 665 millions de fidèles à travers le monde. Aux États-Unis, pas moins de 25 % de la population se réclament du mouvement. Et, sans surprise, d’un point de vue politique, leur chouchou se nomme Donald Trump. «Majoritairement blancs, les évangéliques forment un bloc électoral compact», indique le site d’Amnesty International. «Ils ont plébiscité Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016 (77 %) et davantage en 2020 (84 %), soit le plus gros score jamais obtenu par un candidat.»
Sionisme chrétien
Outre leur soutien à la droite de la politique américaine, les évangéliques ont une autre mission. Selon l’interprétation d’une prophétie issue de l’Ancien Testament, ils croient que l’Apocalypse et l’Armageddon, ultime combat entre les forces du Bien et du Mal, sont proches. Et lorsque le Christ reviendra sur terre, les fidèles (comprenez les évangéliques) gagneront le paradis, tandis que les pécheurs (comprenez tous les autres) seront voués aux tourments éternels. Mais pour que les évangéliques puissent obtenir une bonne place dans l’au-delà, une condition doit être remplie : le peuple juif doit être maître de Jérusalem et de l’entièreté de la Palestine…
Un sionisme chrétien qui a vu le jour dans les années 1970 et qui porte aujourd’hui ses fruits. «La décision de Donald Trump de déplacer l‘ambassade des États-Unis en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, annoncée en décembre 2017, a ainsi été largement réclamée puis applaudie par le mouvement chrétien évangélique», indique le magazine Slate. «Le gouvernement israélien a lui-même reconnu l’influence du mouvement évangélique.»
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