Et si les hommes étaient «enceints» ?
Dans le magazine scientifique «Matière grise» de la RTBF, ce mercredi à 23h, Patrice Goldberg s’interroge sur la possibilité d’une grossesse dans un corps masculin. Impensable ? Et pourtant la science s’y intéresse…
Pourquoi avez-vous choisi cette thématique insolite ?
Sur un plan scientifique, des recherches impressionnantes sont menées, dans le monde, sur la greffe d’utérus pour les femmes qui ne peuvent être enceintes en raison d’une malformation, d’un cancer… ou qui sont dépourvues d’utérus. Cette greffe est possible depuis quelques années.
L’utérus n’est pas un organe vital !
Exactement. Des chercheurs et des médecins réalisent ce type de greffe. Le premier bébé qui s’est développé dans un utérus greffé est né voici une demi-douzaine d’années en Suède. Depuis lors, une vingtaine d’équipes dans le monde y travaillent. En France, une première transplantation utérine (d’une mère de 57 ans sur sa fille de 34 ans) a été réalisée en 2019.
Vous évoquez aussi la greffe d’utérus dans un corps masculin !
Il s’agit ici de théorie ! Techniquement, l’opération est moins compliquée qu’il n’y paraît. Selon les recherches, le principe ne serait pas fantaisiste, et je pèse mes mots.
Et d’un point de vue hormonal ?
Bien entendu. Pour cette question-là, je pense qu’un traitement serait indispensable. Mais tout bien considéré, cela pourrait aider les femmes, mais aussi les personnes qui sont dans une démarche transgenre. L’homme veut se rapprocher de la femme, y compris porter un bébé…
On se souvient de Thomas Beatie, candidat de la 10e saison de «Secret Story» en 2016, transsexuel américain qui avait marqué les esprits en déclarant être le premier homme enceint. À l’époque, cela avait choqué l’opinion publique…
Et je pense que cela choquerait encore aujourd’hui. C’était le premier homme enceint, mais pas vraiment, car il est né femme avec un utérus et un vagin. Il n’y a donc pas eu de transplantation comme dans le sujet que nous allons proposer. La société n’est pas prête à cela car il s’agit d’une grande question éthique. Attention, les spécialistes ne font aucune recherche sur les embryons humains ! En revanche, ils le font sur les bébés souris.
Si cela devenait réalisable, ce serait une révolution pour la nature humaine…
La thématique n’est pourtant pas récente puisqu’au cinéma, dans les années 1970, le film de Jacques Demy (avec Marcello Mastroianni) abordait le sujet dans «L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune» (Lira Films). Il portait un bébé. Bon, c’était une fiction.
Accepteriez-vous de tenter l’expérience ?
(Rires) Je suis père de trois adorables filles et je m’entends bien avec elles depuis toujours. J’ai toujours été à l’aise avec les enfants et j’adore les bébés. Mais pas au point de me faire greffer un utérus !
Le second sujet traitera des premiers jours d’existence d’un embryon…
Nous allons nous focaliser sur la gestation d’un bébé, la fécondation in-vitro et le développement de l’embryon en laboratoire. La science a également avancé sur le sujet.
Cette interview est parue dans le magazine Télépro du 22/10/2020
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