Enseignement à domicile : à l’école «Chez moi», ma prof s’appelle «Maman» !
Avant la pandémie, un millier enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles faisaient déjà l’école à la maison. Explications.
Vivre autrement, donner à leurs six enfants de 5 à 20 ans une éducation hors des sentiers battus : tel est le plan de vie que Leslie et Ben Cash se sont fixés. Afin d’atteindre leur objectif, ils ont quitté la ville pour s’installer en forêt, loin de la société de consommation et de l’enseignement traditionnel. L’instruction que le père dispense est basée sur l’apprentissage des langues, la culture, l’environnement… Mais le jour où le destin frappe à la porte de cette famille, il l’oblige à réintégrer le «vrai» monde. Tout est remis en question…
Voilà pour le synopsis de «Captain Fantastic», le film de Matt Ross, inspiré d’une histoire vraie, qui fit sensation à Cannes en 2016. «Une réflexion sur notre mode de vie actuelle et sur l’engagement éducatif parental», écrit le webzine Baz’art. Sans être aussi extrêmes que ces Robinson de l’éducation, certains ont décidé de suivre la voie de la famille Cash, comme le montre le documentaire d’«Infrarouge», «Des vies sans école», ce mardi à 23h05 sur France 2.
Chemins de traverse
Pour le site Popmoms.fr – auteur de «L’Appli des parents qui s’entraident» -, des motifs très différents et multiples peuvent pousser des parents à déscolariser leur enfant. Habiter une région isolée ou faire un grand voyage, permettre à son enfant de travailler un talent (sportif, artistique…) de façon quasi professionnelle, contrôler les connaissances ou les valeurs transmises («C’est le cas de parents très religieux», dit la plateforme), des problèmes de santé… Certains mettent aussi en avant des volontés pédagogiques : ne souhaitant pas que leur enfant soit juste une tête bien pleine, ils recherchent des méthodes alternatives.
École pas obligatoire
D’emblée, une précision est capitale : les parents ont le droit de ne pas mettre leur progéniture à l’école. C’est l’instruction qui est obligatoire. En Belgique, l’obligation scolaire commence l’année durant laquelle l’enfant atteint l’âge de 5 ans et se termine à 18 ans (la période d’obligation scolaire à temps plein ne court que jusqu’à 15 ans).
École à domicile
Pour répondre aux règles en Fédération Wallonie-Bruxelles, il suffit d’adresser une déclaration d’enseignement à domicile. En ce qui concerne celle ou celui qui donne cours, les autorités n’imposent aucun diplôme. Par contre une inspection est organisée par l’administration. Elle juge si le niveau d’instruction chez soi répond aux normes exigées.
Le décret du 25 avril 2008 précise : «Le gouvernement s’assure que l’enseignement dispensé est d’un niveau équivalent à celui dispensé en Communauté française, qu’il (…) ne prône pas des valeurs qui sont manifestement incompatibles avec la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales». Les enfants doivent quant à eux se présenter aux épreuves certificatives : CEB en fin de primaire, CE1D et CE2D en fin de 2e et de 4e secondaire.
Peu d’appelés
Pour ou contre ? Les arguments ne manquent pas. «Respect du rythme de l’enfant, stress et compétition moindres», avancent les partisans de l’école à la maison. «Mais un grand manque de socialisation», objectent les opposants. «Ce qui compte avant tout c’est l’évolution et le bien-être des enfants», tranchent d’autres.
Aux États-Unis, 4 % des enfants en âge d’obligation scolaire sont instruits à domicile. En France, c’est 1 %. Chez nous, c’est encore beaucoup moins. Les chiffres publiés pour l’année scolaire 2018-2019 par l’Administration Générale de l’Enseignement font état 1.122 enfants sur 966.711 qui allaient à l’école en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’était avant la pandémie. Mais ça, c’est une autre histoire…
Cet article est paru dans le Télépro du 22/4/2021
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