Économie circulaire : entrer dans un cercle vertueux
Ne rien jeter, tout réemployer : tel est le credo de l’économie circulaire, pour que notre monde tourne… plus rond ! Ce jeudi à 23h, Arte propose le documentaire «Et si le monde tournait rond ?».
La consommation matérielle ne cesse d’augmenter, l’empreinte mondiale par habitant grimpe en flèche. En 1990, il fallait utiliser 8,1 tonnes de ressources naturelles pour satisfaire les besoins d’un seul habitant de la planète. Un peu plus d’un quart de siècle plus tard, le chiffre à augmenter de 50 %, il est passé à 12,2 tonnes.
À la clé du constat, une conclusion : s’il continue à être privilégié, le modèle économique linéaire «extraire-produire-consommer-jeter» va conduire notre Terre droit dans le mur. Pour éviter le crash, un coup de volant salutaire s’impose. L’économie circulaire est une des routes préconisées.
L’hypothèse Gaïa
Il s’appelle James Lovelock. Avec la microbiologiste américaine Lynn Margulis, ce scientifique britannique est le père de la très controversée hypothèse Gaïa (du nom de la déesse de la mythologie grecque personnifiant la Terre). Selon celle-ci, la Terre n’est pas une simple planète, elle est un corps vivant.
Rejetée avec force lorsqu’elle est avancée dans les années 1970, cette théorie va faire petit à petit son chemin. Aujourd’hui, elle est considérée par beaucoup comme l’origine de l’économie circulaire : puisque dans la nature, tout déchet produit est source d’une nouvelle vie, notre économie devrait s’en inspirer dans les domaines les plus énergivores et polluants comme le design, l’alimentation, le logement, la mode.
S’il n’existe pas de définition universelle de l’économie circulaire, les Nations Unies l’ont toutefois qualifiée de la manière suivante : «un système de production, d’échanges et de partage permettant le progrès social, la préservation du capital naturel et du développement économique».
7 piliers capitaux
Concrètement, l’objectif poursuivi par l’économie circulaire est de limiter au maximum le gaspillage des ressources naturelles. Urbyn, un service en ligne gratuit pour trouver des entreprises de recyclage, schématise la façon de faire pour atteindre cet objectif : il faut agir dans trois domaines (production, consommation, gestions des déchets) et s’appuyer sur 7 piliers (parmi lesquels : l’approvisionnement durable et les achats responsables, la consommation responsable et l’allongement de la durée d’usage).
Quittons la théorie pour la pratique. Le mensuel économique Capital cite notamment une société française de prêt à porter. Elle a lancé sur le marché «les premiers jeans recyclés, recyclables et consignés». En achetant le pantalon, vous payez une consigne. Quand vous le ramenez à la fin de sa vie, vous récupérez le montant de la consigne. Quant au jean, il est recyclé et remis dans le circuit. Outre le recyclage (d’un habit en un autre habit, de mégots en montures de lunettes, de canettes en trottinettes, de briques de lait en rouleau de papier toilettes…), les projets de valorisation des déchets alimentaires (compostage, alimentation animale, méthanisation) se multiplient aussi, tout comme les systèmes d’entretien et de réparation des produits (tel que le projet «Repair Café»).
La Belgique dans le mouvement
Dans ce contexte, la Belgique fait plutôt figure de bon élève. Dans les dernières statistiques d’Eurostat, notre pays est numéro un de l’Union européenne en matière de recyclage des déchets, sauf pour le plastique. En termes d’emplois générés par l’économie circulaire, la Fondation Roi Baudouin a aussi fait les comptes.
Dans un état des lieux dressé en compagnie de l’ASBL néerlandaise Circle Economy, le secteur apparaît en plein essor. Il représente 262.000 postes de travail soit 7,5 % de l’emploi total en Belgique. Les secteurs les plus porteurs sont ceux du numérique et de la conception.
Cet article est paru dans le Télépro du 14/4/2022
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