Écologie : la mode face à son destin
Longtemps décriée pour son cynisme écologique, l’industrie de la mode penche peu à peu vers l’éthique. Tendance ou véritable prise de conscience ?
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En 2012, Dior s’offre des milliers d’orchidées et de roses pour son défilé automne/hiver. Deux ans plus tôt, Chanel exportait des blocs de glace depuis la Suède pour son décor au Grand Palais. Faire le show, c’est tout un art. Cela a un prix financier, mais aussi environnemental.
Le documentaire «Apocalypse mode», vendredi à 22h45 sur Arte, revient sur les récentes charges portées contre l’industrie de la confection et de la haute couture.
Industrie écocide
La mode est le deuxième secteur le plus polluant au monde. Bel Jacobs, porte-parole d’Extinction Rebellion, un mouvement social écologiste international, est outrée par le manque de discernement de tous. «La mode donne l’impression d’être amusante, glamour, frivole et créative. Mais les gens ne se sont pas donné la peine de regarder ce qu’il y a en dessous. Ils ne voient pas la mousse qui cache le bain de sang.»
Et le constat est alarmant. La mode serait responsable de «20 % des eaux usées mondiales, 10 % des émissions carbone notamment dues aux transports et 22,5 % des pesticides épandus, principalement sur les champs de coton.» Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg…
Surproduction
Parce qu’il n’y a pas que la production qui pollue ! La surproduction et par conséquent la destruction de produits a un coût. Pour protéger leur marque, certains créateurs sont prêts à tout. En 2018, Burberry aurait brûlé environ 37 millions de dollars de marchandises dans le seul but d’empêcher les contrefacteurs de copier leurs styles.
Une pratique plutôt courante selon Vanessa Friedman, journaliste du New York Times. «À tous les niveaux de l’industrie, que ce soit la fast fashion, la mode contemporaine ou le luxe, c’est l’énorme quantité de produits disponibles sur le marché qui pose problème. Des produits dont nous ne savons que faire… Si on continue à fabriquer autant pour atteindre le taux de croissance que ces marques souhaitent, en aucun cas ce problème ne pourra être résolu. C’est insoluble.»
Ça ne date pas d’hier
Cette remise en question, de nombreux acteurs de la mode s’y attellent depuis le commencement. Comme Agnès Troublé qui a toujours revendiqué une mode éthique. «En 1965-67, mes jumeaux avaient 8 ans. En me baladant aux puces de New York, je suis tombée sur des t-shirts kaki avec comme inscription «Pollution Stinks» et une illustration d’une poubelle au fond de la mer avec plein de choses qui en sortaient. Bien avant toutes ces histoires, j’avais conscience qu’il fallait changer les choses.»
Alors, comment se réinventer ? Quelles sont les solutions ? La styliste Vivienne Westwood prône le «buy less», «acheter moins». D’autres se lancent avec des vêtements et produits végans. Une fausse bonne idée quand on sait, par exemple, que le cuir d’aubergine ou de champignon, qui remplace le cuir animal, est imprégné de polyuréthane, une molécule polluante et toxique.
Pour arriver à un textile à la fois éthique et écologique, les techniques devront donc être perfectionnées…
Cet article est paru dans le Télépro du 16/6/2021
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