Données personnelles : tous la proie de Big Data !
Vos envies, soucis, besoins, passions… Internet sait tout de vous ! Et ces données (ou data) valent bien plus cher que vous ne l’imaginez…
«Il y a quelques années, je m’étais abonnée à un quotidien», raconte Isabelle Antoine. «Mon nom avait été mal encodé, avec deux lettres inversées. Je recevais donc mon journal au nom de « Antonie ». Rien de grave. Mais au bout d’un temps, j’ai reçu des pubs adressées à « Mme Antonie ». De la pub pour des assurances ou des voyages. Pas de doute : le journal avait vendu mes coordonnées !»
Eh oui, nos données personnelles valent de l’or ! C’est le sujet auquel s’intéresse «Cash Investigation», jeudi à 21h05 sur France 2.
Tous nos faits et gestes
La mésaventure d’Isabelle n’est que la pointe de l’iceberg. Avec le Net, nos données personnelles sont partout. Le web traque chaque fait et geste. Via l’ordinateur, mais aussi les appareils connectés : smartphone, télé, voiture, montre, localisation GPS… Toutes les infos laissées sur le Web tracent peu à peu le profil de chacun.
Prenons l’exemple de Monsieur X. Il souffre d’insomnies, aime les labradors et les rosiers anciens, Clint Eastwood et Freddie Mercury, s’inquiète de douleurs d’arthrose, a surfé sur Tinder, rêve de retourner à Tenerife, cherche à maigrir, songe de plus en plus à s’abonner à Netflix… Toutes ces données – ou data – laissent les traces de M. X sur Internet. Et ont une valeur marchande !
Énorme business
Ces données font le bonheur des publicitaires et pros du marketing. Moyennant finances, ils accèdent à l’immense réceptacle virtuel de ces données qu’est le Big Data. Grâce à elles, ils ciblent mieux les acheteurs potentiels des produits et services dont ils imaginent les campagnes. Ainsi voit-on apparaître sur le Web des pubs pour une boutique proche ou une voiture appréciée.
Ces infos concernant une localisation ou l’intérêt pour une marque d’auto ont été vendues aux publicitaires. Par qui ? Par un «databroker» ou courtier en données. Lui-même les a achetées à d’autres acteurs du Net. Le plus souvent à des sites gratuits. Vous êtes-vous déjà demandé comment Facebook a pu faire 86 milliards de $ de chiffres d’affaire en 2020, alors que vous ne déboursez pas un centime pour profiter de ses services ?
«Quand c’est gratuit, c’est vous le produit», dit une vieille maxime du marketing. Facebook vend tout ce qu’il sait de ses utilisateurs. Chaque donnée ne vaut que quelques cents, mais un profil complet se monnaie plusieurs (dizaines de) dollars. Et quand on a près de 3 milliards d’abonnés, ça fait un énorme business.
Récolter pour mieux classer
Mais il n’y a pas que la pub… Avec le covid-19, on a vu que les données pouvaient servir à tout autre chose. Testing, quarantaine, vaccination, déplacements… Au nom de la santé publique, le respect de la vie privée a été malmené. Certains s’en sont alarmés.
De manière plus générale, il faut effectivement s’inquiéter de l’appétit de Big Data, cet énorme stock de données concernant tout un chacun et dont on ignore quel usage pourrait en être fait à l’avenir. En Chine, un système classe et évalue les citoyens selon des algorithmes. Une personne qui achète des couches pour bébé est présumée plus responsable qu’un joueur de paris en ligne… Devinez qui aura plus facilement accès à un logement ou un emploi ?
Protection des données
Depuis 2018, le citoyen européen est protégé par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Il donne à chacun un droit de regard sur ses données personnelles, et oblige les entreprises à obtenir un accord pour les traiter. Bien que tout ne soit pas encore au point en pratique, le RGPD est un outil efficace.
En Belgique, l’Autorité de Protection des Données (APD) veille à son respect. Elle a ainsi infligé une amende de 20.000 € à un opérateur téléphonique qui n’avait pas effacé les données d’un individu l’ayant demandé. Mais il ne sert à rien d’installer une porte blindée si elle reste ouverte… Quand un site Web propose de «Tout accepter» ou «Paramétrer ses choix», il appartient à chacun de choisir les données pouvant être partagées…
Cet article est paru dans le Télépro du 13/5/2021
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