Djihad sur l’Europe
Quand les terroristes salafistes décidèrent de s’attaquer au Vieux Continent. Ce lundi à 20h30, La Trois diffuse la série documentaire «Djihad sur l’Europe». Arte la propose également mardi à 20h55.
«Il faut le faire maintenant». Dans la «Situation Room» (salle d’opérations) de la Maison Blanche d’où il suit l’opération en direct, le président américain Barak Obama vient de donner l’ordre de tuer Oussama Ben Laden. Les hommes des forces spéciales envahissent la résidence d’Abbottabad, au Pakistan, où le concepteur des attentats du 11 septembre a été repéré. Dans la nuit du 2 au 3 mai 2011, ils abattent celui que les Américains traquent sans relâche depuis près de dix ans. «Après la mort de Ben Laden, un «djihad sans leader» va-t-il voir le jour ?», s’interroge-t-on immédiatement.
Survie sans Ben Laden
Dans son livre «Leaderless Jihad», le psychiatre et ancien officier de la CIA Marc Sageman, donne sa réponse. Selon lui, l’idéologie djihadiste s’est suffisamment répandue – notamment par l’intermédiaire d’Internet – pour qu’Al Qaïda puisse survivre sans commandement. L’histoire lui donnera partiellement raison. Si l’organisation terroriste ne s’est pas vraiment remise de la disparition de son chef, d’autres groupes sont apparus sur l’échiquier et ont pris de l’envergure. Lorsque l’on parle d’eux, les termes «djihad» et «djihadisme» reviennent régulièrement.
Instrumentalisation
Le «djihad» est un mot ancien qui apparaît dans le Coran et se définit comme «un effort personnel sur sa propre foi pour se rapprocher de Dieu». «Djihadisme» est quant à lui relativement récent. Il apparaît dans les années 1980, lors de l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques. Le djihadisme désigne une idéologie politico-religieuse prônant la guerre sainte, elle pousse à l’action violente pour mettre en place ou étendre un pouvoir fondé sur l’islam. On évoque alors le salafisme djihadiste. Le salafisme, c’est un mouvement religieux de l’islam sunnite revendiquant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples. Ultra-orthodoxe, il exclut toute forme d’évolution politique, culturelle, sociale ou scientifique. Intolérant, il rejette également toute autre religion que la religion musulmane et toute forme de particularité locale. Le djihadisme salafiste devient le socle idéologique d’Al Qaïda et de Daesh avec, en point d’orgue en 2014, la prise de la ville syrienne de Mossoul et la proclamation du Califat par l’État Islamique (EI).
De plein fouet
Particulièrement radical et brutal, l’EI se caractérise aussi par une communication d’une redoutable efficacité via Internet et les réseaux sociaux. Ses messages glorifient les «martyrs» de la cause et magnifient leur prétendu héroïsme face aux «ennemis de l’Islam». Ils séduisent des jeunes, souvent en manque de perspective et de repères, en recherche d’appartenance à une communauté. En Europe, notamment. Les profils divergent, la trajectoire est souvent identique. Après être partis se battre en Syrie ou en Irak, ils reviennent au pays. Une déferlante de violence frappe alors le Vieux Continent. Les attentats terroristes se multiplient. Madrid, le 11 mars 2004, 191 morts. Londres, le 7 juillet 2005, 52 morts. Paris, en 2012, 7 morts. Paris à nouveau, en janvier 2015, 17 morts. Paris encore, en novembre de la même année, 130 morts. Et le funeste décompte se poursuit…
Amalgames
En Belgique, les quatre personnes tuées au musée juif fin mai 2014 et les 35 morts des attentats de Bruxelles le 22 mars 2016 sont encore dans les mémoires. Dans une brochure qu’il consacre au terrorisme, le ministère belge de la Justice pointe le terrorisme comme principale menace à court terme du salafisme djihadiste. Il met aussi en avant des menaces à moyen et long terme véhiculées par le salafisme scientifique et politique. Lecture intolérante de la religion, inégalité entre les sexes ou menaces proférées à l’égard de contradicteurs «sont porteurs d’un danger certain pour l’ordre démocratique et constitutionnel» et portent «gravement atteinte à la liberté d’expression». Enfin, conclut le ministère, les salafistes prétendent parler au nom de tous les musulmans, créant des amalgames et des réactions vives de groupes d’extrême droite alors que «le salafisme reste marginal au sein de la population musulmane belge (…). Les premières victimes des salafistes sont souvent les autres musulmans.»
Cet article est paru dans le Télépro du 31/8/2023
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