Dans les entrailles des porte-conteneurs

Entre tension géopolitiques et piraterie, le secteur maritime est sous pression © Tony Comiti productions

65 millions de conteneurs circulent sur la planète, chargés des marchandises de la mondialisation. Ce dimanche à 21h05, France 5 diffuse « Le Monde en face – Cargos – Dans les soutes de la mondialisation ».

Quel est le point commun entre votre smartphone, les baskets que vous portez aux pieds et l’ananas que vous avez mangé pour le goûter ? Produits au bout du monde, ils ont tous passé quelques semaines en mer avant d’arriver chez vous. Aujourd’hui, 90 % des échanges commerciaux transitent par les océans. Le commerce maritime mondial a doublé au cours des quinze dernières années et devrait encore doubler dans les quinze prochaines. Cette croissance constante s’explique par le succès d’une boîte métallique hermétique : le conteneur. Sans lui, la mondialisation n’aurait peut-être jamais existé. Dimanche sur France 5, « Le Monde en face » vous propose d’embarquer sur un porte-conteneurs pour un voyage de 22.000 km entre la Corée et Rotterdam.

Du vrac à la boîte

Les marchandises étaient jadis chargées et déchargées en vrac. Du producteur au camion, du camion au train, du train au bateau… Et idem en sens inverse, jusqu’à l’acheteur. Cela générait beaucoup de logistique, pas mal de casse et d’importants frais de manutention. Pour décharger un cargo, il fallait embaucher 150 personnes pour quatre jours ! Tout cela appartient au passé depuis que les Américains ont inventé le conteneur : une boîte standardisée qui passe du camion au train ou au bateau sans jamais devoir être vidée. On en croise régulièrement sur nos routes, la plupart appartenant à l’un des trois leaders mondiaux : la firme italienne MSC, la danoise Maersk ou la française CMA CGM. Il circule en permanence 65 millions de conteneurs à travers le monde. Si on les mettait bout à bout, ils pourraient relier la Terre à la Lune !

Un grand ballet

Inventé dans les années 1950, le conteneur est devenu un rouage primordial de l’économie mondiale. On l’a vu après le covid. Si certaines marchandises se sont retrouvées en pénurie, c’est que le grand ballet mondial des conteneurs avait dû être mis à l’arrêt quelques semaines. Et il faudra plusieurs mois pour le réorganiser. Idem en 2021 quand un navire chargé de 18.000 conteneurs s’échoue dans le canal de Suez, bloquant 425 autres bateaux derrière lui durant six jours. La désorganisation fut telle que l’incident affecta le prix du pétrole ! Les incidents et accidents ne sont pourtant pas rares. En 2023, sept porte-conteneurs ont fait naufrage. Outre les dangers inhérents à l’océan, il faut compter avec le gigantisme de ces embarcations. En mars dernier, un navire de 300 mètres accrochait un pont en quittant le port de Baltimore, entraînant l’effondrement de l’ouvrage et la mort de six personnes.

Les tensions géopolitiques

Mais ce que craignent les armateurs en ce moment, ce sont surtout les tensions géopolitiques. Pourront-ils encore naviguer en mer de Chine si la Chine attaque Taïwan ? Faut-il encore craindre les pirates somaliens ? Depuis l’automne 2023, des rebelles yéménites s’attaquent aux navires en mer Rouge. Et que deviendra la circulation sur le canal de Suez si les tensions s’accentuent encore au Proche-Orient ? Craignant les missiles, les drones ou les mines flottantes, certains navires préfèrent déjà éviter la région et contourner l’Afrique. Mais cela implique dix jours supplémentaires en mer… Soit 1.000 à 1.500 tonnes de fuel en plus ! Même si le secteur promet la décarbonation totale pour 2050, l’impact environnemental du transport maritime pose évidemment question. D’autant qu’il ne cesse de croître, encore et toujours…

Cet article est paru dans le Télépro du 3/10/2024

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