Dans la solitude de l’espace
Arte nous emmène dans les coulisses de la préparation psychologique d’astronautes voués à voyager vers Mars dans les prochaines décennies. Un documentaire à voir ce samedi 0 h 05.
Au cours des années à venir, le monde aérospatial ambitionne d’envoyer quatre à six personnes, direction la planète Mars, à bord d’un vaisseau de la taille d’un gros camping-car, durant plusieurs mois. Comment préparer ces professionnels de l’atmosphère à la vie loin de leurs proches, à la promiscuité entre collègues et à la solitude ?
Pour du faux
C’est une évidence, un voyage dans l’espace ne s’improvise pas. Dans le cas de celui avec Mars pour planète d’atterrissage, la préparation en amont a débuté il y a un moment déjà. Le 3 juin 2010, le programme expérimental russe «Mars 500» était lancé. Le concept ? Simuler, sur Terre, les conditions de vie durant une mission aller/retour vers la planète rouge, hormis l’absence de gravité.
Pour mener à bien l’expérience, trois Russes, un Italo-Colombien, un Chinois et un Français ont été sélectionnés parmi des milliers de candidats, non professionnels de l’espace, pour vivre durant plus de 520 jours dans une réplique de vaisseau spatial. Une grande question était alors à l’origine du projet : est-ce que l‘homme, psychologiquement et physiologiquement, est capable d‘endurer le confinement d‘un voyage vers Mars ? En novembre 2011, lors de la sortie de l’équipage, l’état de santé physique et mental des participants avait été déclaré bon, si ce n’est quelques modifications au niveau de la flore intestinale.
Avec le recul, l’expérience Mars 500 et ses données ont été analysées plus en profondeur, par David Dinges, entre autres, professeur en psychologie et psychiatrie à l‘Universitéde Pennsylvanie.
«Son étude révèle, par exemple, que l‘un des participants a été en proie à une forte dépression, alors que d‘autres volontaires ont été victimes de cycles du sommeil anormaux», indique-t-on dans L’Echo. «Il en ressort également que les deux participants les plus stressés et fatigués étaient impliqués dans pas moins de 85 % des conflits.»
Inconnues dans l’équation
Malgré cette préparation pointilleuse, des questions demeurent quant à l’impact psychologique d’un tel voyage. À commencer par un inédit dans l’histoire des voyages spatiaux : les astronautes envoyés vers Mars perdront la Terre de vue. «C‘est l’une des principales différences entre une mission vers Mars et une mission vers la Lune ou la Station spatiale internationale», explique L’Echo. «Pour Didier Schmitt, chargéde l‘exploration humaine et robotique à l‘Agence spatiale européenne, il est, aujourd‘hui, difficile d‘évaluerl‘impact qu‘aura cet événement sur la psychologie de l‘équipage.» Autre interrogation difficilement vérifiable avant un départ concret : les conséquences des rayons cosmiques de l’espace lointain sur le corps et la psyché. Des chercheurs ont néanmoins tenté de formuler une réponse en exposant des souris à ces rayons. Mauvaise nouvelle : «Elles présentaient des pertes de mémoire, des signes d‘anxiété ou des difficultés dans l‘apprentissage et dans “les fonctions d‘exécution”.»
Un robot pour copain
Dans notre monde où l’instantanéité est reine, les participants d’une mission vers Mars devront aussi s’habituer à un délai bien plus long pour entrer en contact avec notre planète : les transmissions mettront vingt minutes pour atteindre la Terre et vingt minutes pour en revenir. Pour pallier l’absence d’interactions immédiates, en dehors de celles avec l’équipage, les chercheurs planchent sur des solutions virtuelles, comme des hologrammes ou des intelligences artificielles. Autre possibilité, la présence à bord du vaisseau d’un chien… robot ! C’est une designeuse coréenne, Jihee Kim, qui a élaboré ce prototype prénommé Laika, du nom de la chienne envoyée dans l’espace en 1957. L’automate aurait pour mission d’apporter du réconfort aux astronautes et de surveiller leur état de santé en les encourageant, par exemple, à pratiquer un sport avec lui.
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