Cuisiner et danser… à l’ombre

Des prisonniers aux fourneaux ! © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Si prison rime avec privation, certaines initiatives originales tendent à libérer la créativité des détenus.

Dans «Reportages découverte», ce dimanche à 13h40, TF1 pénètre au cœur du système pénitentiaire pour… un concours national culinaire interprisons ! Loin de l’univers carcéral habituel, ce challenge n’est pas la seule action insolite qui encourage une meilleure réinsertion des condamnés.

Condamné à… cuisiner

C’est une idée peu banale qu’a eue Michel Portos, chef français affichant deux étoiles au Guide Michelin, en 2019 : créer un concours culinaire à l’image de «Top Chef» au cœur des prisons. Le chef découvre l’univers carcéral en 2013, à l’occasion d’un repas qu’il prépare pour les 1.800 détenus des Baumettes, à Marseille.

«C’était la première fois qu’ils mangeaient un repas uniquement à base de produits frais», raconte-t-il au magazine L’Hôtellerie Restauration. «En pleine émulation d’émissions du type ’Top Chef’, cette expérience a lancé l’idée d’un challenge.»

Depuis 2019, Michel Portos et d’autres formateurs forment donc des brigades parmi les détenus et les préparent aux épreuves qui, à l’instar des émissions télé, intimident tant par leurs exigences culinaires que par les jurés. L’an passé, les apprentis commis ont dû proposer une entrée libre puis revisiter un plat et un dessert sur un thème imposé. Le tout dégusté par des chefs de haut vol !

L’objectif de la démarche est d’aider à la réinsertion professionnelle des détenus, mais aussi de sensibiliser toujours plus les hiérarchies du système carcéral à l’importance de la formation en prison. «Un détenu qui suit une formation a 13 % de chance d’avoir un emploi à la sortie et donc on baisse le risque de récidive», explique Michel Portos.

Danse du bagne

Avant l’art culinaire en prison, la maison d’arrêt d’Amiens a proposé elle aussi une version de «reconversion» originale pour ses détenus en 2015. Dans l’esprit de «Danse avec les stars» sur TF1, les prisonniers amiénois ont préparé… un spectacle de danse disco !

Pendant deux mois, vingt-cinq hommes et femmes ont travaillé d’arrache-pied avec un prof de danse pour se produire devant leurs codétenus, mais aussi des élus et des représentants de la Justice. Strass, paillettes, boules à facettes : hors de leur cellule de 9 m², ces personnes incarcérées ont pu redécouvrir l’expression corporelle tout en se pliant aux exigences de la danse.

«Ceux qui sont en prison sont sanctionnés, mais ils ont la possibilité de reprendre le chemin de la vie en société… et pour ça il faut les aider», se réjouit un procureur général, au micro de France 3, qui y voit une expérience d’intérêt public.

Tik Taulards

Alors que le téléphone portable est interdit en prison, certains détenus déjouent cette règle pour devenir des «stars» des réseaux sociaux. «Recettes de cuisine, débrouillardise, anecdotes de vie en cellule : les «influenceurs» prisonniers sont légion sur l’application vidéo Tik Tok» relate l’hebdo Marianne.

L’année dernière, les hashtags #prisontiktok et #prisontok affichaient respectivement 1.5 milliard et 801.2 millions de vues sur le réseau social chinois.

Cet article est paru dans le Télépro du 26/5/2022

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