Coup de mou sur l’acier

La Chine est le premier producteur mondial d’acier, avec plus d’un milliard de tonnes produites annuellement © AFP via Getty Images

Contrainte de délocaliser, accusée de polluer… La sidérurgie n’a plus un moral d’acier.

Quel est le point commun entre une boîte de petits pois et des rails de chemin de fer ? Entre votre sommier, votre voiture et un silo agricole ? Tous sont faits en acier. Qu’on appelle parfois « inox » quand un traitement le rend inoxydable. L’acier est partout autour de nous. Chaque Belge en a consommé 219 kilos en 2023. Et même 393 kilos en 2021 – pour se rattraper des deux confinements de l’année précédente. La moitié de cet acier est utilisée pour des infrastructures publiques et privées, l’autre moitié pour les objets du quotidien. Mais d’où vient tout cet acier ? C’est la question que pose Hugo Clément lundi à 21h05 dans « Sur le front », sur France 5.

Un pays de sidérurgie

L’acier, c’est quoi ? Un alliage de fer et de carbone. En ajoutant quelques pourcents de carbone au fer, nos aïeux se sont aperçus qu’ils obtenaient un métal nettement plus résistant. Une aubaine pour un monde en plein développement ! Selon les chiffres de la World Steel Association, on produisait 189 millions de tonnes d’acier dans le monde en 1950. Ce chiffre est passé à 595 en 1970, puis à 850 en 2000, pour arriver à 1,892 milliard de tonnes d’acier produit en 2023. Et la Belgique là-dedans ? Notre petit pays a longtemps été l’une des patries de l’acier. De Liège au Borinage, on travaillait déjà le fer dans nos régions au Moyen Âge. À l’heure de la révolution industrielle, la sidérurgie s’impose le long du sillon Sambre-et-Meuse. Avec de grandes familles – comme les Cockerill à Liège ou les Boël à La Louvière. La sidérurgie est cette branche de la métallurgie spécialisée dans la transformation du fer en acier. C’est grâce à elle que la Belgique sera l’un des tout premiers pays industriels. Et même la seconde puissance économique mondiale (juste après l’Angleterre) au cours du XIXe siècle.

La sonnette d’alarme

Avant la Seconde Guerre mondiale, notre pays fait encore partie des cinq premiers pays producteurs mondiaux d’acier. Puis c’est la dégringolade. Crise pétrolière, mouvements sociaux, rachats, fusions, délocalisations… La sidérurgie wallonne fait désormais partie du géant ArcelorMittal. En 2023, sur les 1.892 millions de tonnes d’acier brut produites à travers le monde, 1.019 l’ont été en Chine. Loin devant l’Inde qui est pourtant le deuxième producteur mondial. Avec ses 141 millions de tonnes, la patrie de Mittal fait pourtant mieux que les 27 pays de l’UE réunis. L’Allemagne reste le premier producteur européen. La Belgique est désormais en 25e position mondiale avec 5,9 millions de tonnes en 2023, alors que l’on en comptabilisait encore 7 millions en 2022… Le secteur européen de l’acier tire donc la sonnette d’alarme. En cause : les fermetures et délocalisations, la surproduction hors Europe, les prix élevés de l’énergie, la hausse des tarifs douaniers annoncée par Donald Trump… Ajoutez à cela des outils souvent vieillissants qu’il faudrait remplacer. Surtout si l’on veut atteindre les objectifs environnementaux. En février dernier, le magazine Solidaire affirmait qu’« ArcelorMittal Gand est responsable de 8 % des émissions [de carbone] en Belgique ».

De l’acier vert

Il existe pourtant un solution : l’acier vert. Conçu avec des matières premières issues du recyclage, dans des unités de production alimentées par de l’électricité verte ou du biogaz. Mais cela nécessite des investissements que les principaux producteurs d’acier ne sont pas toujours prêts à faire…

Cet article est paru dans le Télépro du 10/4/2025

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