Commémoration : Rwanda, trente ans après la tragédie
Personne n’a oublié le génocide rwandais de 1994. Comment un million de personnes ont-elles pu être tuées en cent jours ? Rappel des faits.
Dans la soirée du 6 avril 1994, l’avion du président rwandais s’écrase près de Kigali. Juvénal Habyarimana meurt dans le crash. Ce n’est pas un accident. L’appareil a été abattu par un missile. C’est un attentat. Le lendemain dès l’aube, le génocide commence…
Diviser pour régner
Le génocide rwandais ne s’est pas organisé en une nuit. C’est le fruit d’une longue histoire. En 1885, lors du partage de l’Afrique entre les grandes puissances de l’époque, le Rwanda est intégré à l’empire colonial allemand. Le pays est composé de deux ethnies principales : les Hutus et les Tutsis. Les uns sont plutôt agriculteurs, les autres plutôt éleveurs, mais rien ne les oppose. Ils ont la même langue, la même religion, la même culture. Ce sont les colons allemands et les missionnaires blancs qui soulignent pour la première fois les différences entre ethnies. Veulent-ils diviser pour régner ? À tout le moins distinguer pour organiser. Et ce sera sur base ethnique.
L’élite tutsie
Après la Première Guerre mondiale, l’empire colonial allemand est démantelé. Le traité de Versailles attribue le Rwanda à la Belgique. Elle poursuit l’administration du pays en distinguant Hutus et Tutsis. Dès les années 1930, l’ethnie est mentionnée sur les cartes d’identité. Bien que les Tutsis soient minoritaires, ils sont considérés comme l’élite par le colonisateur. Alors que les enfants hutus reçoivent un enseignement rural et artisanal, les fils de Tutsis ont accès aux meilleures écoles, puis aux postes dans l’administration. Au fil des décennies, ces différences créent des jalousies entre ethnies. Quand les mouvements indépendantistes commencent à secouer l’Afrique, à la fin des années 1950, Hutus et Tutsis sont prêts à s’affronter.
Un coup d’État hutu
Dans les années 1960, après l’instauration de la République du Rwanda, la majorité hutue s’impose. Plusieurs campagnes anti-Tutsis obligent l’ancienne élite à prendre les routes de l’exil. En 1973, un coup d’État amène au pouvoir Juvénal Habyarimana. Ce Hutu a été ministre de la Défense avant de s’instaurer président de la République. Pour s’accorder les faveurs des démocraties occidentales, il cesse la chasse au Tutsi. Le régime poursuit cependant sa politique ethnique autrement : en instaurant des quotas. Les Tutsis ne peuvent pas occuper plus de 10 % des places dans les écoles, les universités ou l’administration. Ils ne peuvent donc s’imposer d’aucune manière. Mais à l’étranger, parmi les 600.000 exilés, la colère gronde. D’autant qu’ils sont désormais organisés en Front patriotique rwandais (FPR) derrière Paul Kagame.
Le feu aux poudres
Les exilés tutsis veulent rentrer au pays et faire entendre leur voix. En 1990 débute une guerre civile. Le FPR affronte les troupes de l’armée rwandaise. Le conflit semble prendre fin en 1993 avec les accords d’Arusha, quand le président Habyarimana accepte de céder du lest face au FPR. Mais les extrémistes hutus y voient un acte de traîtrise. Est-ce eux qui organisent l’assassinat du président le 6 avril 1994 ? C’est en tout cas ce qui met le feu aux poudres. Au petit matin du 7 avril, la Première ministre, une Hutue modérée, veut lancer un appel au calme à la radio. Elle n’en a pas le temps. Elle est assassinée. De même que dix casques bleus belges envoyés pour la protéger. Le génocide des Tutsis et des Hutus modérés a commencé. Ce sera le génocide le plus rapide de l’Histoire – celui qui a fait le plus grand nombre de morts dans le temps le plus court.
À voir
Samedi sur La Trois :
- 20.30, «Rwanda – Vers l’apocalypse», documentaire suivi d’un débat à 21.45.
- 22.55, «Une des mille collines», documentaire (aussi mardi sur Arte à 00.35).
- 00.15, «Rwanda 94», spectacle.
Dimanche sur France 5
- 21.05, «Rwanda – Vers l’apocalypse» sera suivi d’un débat à 22.15.
- 23.00, «Rwanda, désobéir ou laisser mourir», documentaire.
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