C’est la guerre… économique !

La guerre commerciale déclarée par les États-Unis à la Chine s’apaisera-t-elle l’année prochaine ?  © Getty

Les grandes puissances ne s’affrontent plus à coups de bombes… Ce mardi à 22h20, Arte propose le documentaire «La Guerre commerciale des superpuissances».

On a l’habitude de faire rimer «guerre» et «militaire», mais la confrontation entre pays peut prendre une autre forme. On le voit en ce moment avec le conflit qui oppose les États-Unis et la Chine : c’est une guerre économique.

L’enjeu ? La suprématie. Les États-Unis se sont longtemps imposés comme la première puissance économique mondiale, mais l’Empire du Milieu est en train de leur ravir le titre. L’an dernier, les USA affichaient un déficit commercial de 617 milliards de dollars face à la Chine. La guerre commerciale couvait depuis un moment. Puis Donald Trump est arrivé avec son slogan : America First. Il a donc décidé d’imposer des droits de douane prohibitifs sur des centaines de produits chinois. La Chine a évidemment pris des mesures en représailles…

Arte consacre sa soirée de mardi à décortiquer le phénomène. Avec un premier doc sur l’actuel conflit sino-américain à 22.20, et un second, à 23.15, sur l’histoire de la guerre économique.

Du thé à l’opium

La guerre économique n’est pas une invention récente. Dès l’Antiquité, certains conflits ont eu pour objectif d’imposer une suprématie commerciale. Les guerres entre Rome et Carthage, par exemple, étaient liées au contrôle du commerce en Méditerranée.

À l’ère moderne, on pense à la guerre de l’opium lancée par la Grande-Bretagne contre la Chine. En 1839, les Anglais ont le même souci que Trump aujourd’hui : leur balance commerciale est largement déficitaire. Ils achètent beaucoup de choses à la Chine (du thé, des porcelaines, des étoffes…), mais ils ne parviennent pas à lui vendre quoi que ce soit.

La seule chose qui pourrait intéresser la Chine, c’est l’opium, que les Anglais produisent en Inde. Les Chinois apprécient cette drogue, mais elle est interdite… Pour s’imposer sur le marché chinois, les Anglais ne vont pas hésiter à déclarer deux guerres successives à la Chine. Au passage, ils voleront quelques plants de thé qu’ils cultiveront en Inde avec le succès que l’on connaît…

Le Plan Marshall

Vol, ruse, désinformation, jeux d’influence… Telles sont les armes de la guerre économique. Le XXe siècle ne manque pas d’exemples. Certains sous couvert des meilleures intentions. Ainsi, quand les États-Unis aident l’Europe à se relever de la Seconde Guerre mondiale avec le Plan Marshall… c’est à condition que le Vieux Continent achète massivement des produits américains !

On peut aussi relire les prémices de la Première Guerre mondiale d’un point de vue économique. L’Angleterre se serait-elle alliée à la France, son ennemie de toujours, si l’Allemagne n’était devenue cette puissance économique menaçant la suprématie industrielle anglaise ?

Et si ça dégénérait ?

C’est le piège de Thucydide. L’expression a été inventée par un politologue américain. Elle fait référence à l’historien grec Thucydide. Dans «La Guerre du Péloponnèse», il tente de comprendre les causes du conflit entre Athènes et Sparte. Il écrit : «La cause la plus vraie et la moins avouée de la guerre, c’est à mon sens que les Athéniens, en s’accroissant, ont fait peur aux gens de Sparte, les contraignant ainsi à la guerre.»

C’est le piège de Thucydide : une puissance dominante déclare la guerre à une puissance émergente de crainte qu’elle lui prenne sa place de leader. La peur peut donc faire dégénérer un conflit économique en véritable guerre… Donald Trump aurait-il fini par tomber dans le piège de Thucydide ?

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/11/2020

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