Ces complots qui n’en sont pas

Les théories les plus folles ont circulé sur les attentats du 11-Septembre © Isopix
Stéphanie Breuer Journaliste

Depuis l’apparition du covid-19, les rumeurs et fake news envahissent la Toile. L’occasion pour Maria Del Rio de décrypter le phénomène des théories du complot, ce jeudi à 19h50 dans «Tout s’explique» sur RTL-TVI.

Les plus célèbres

Parmi les théories du complot les plus répandues, il y a celle des reptiliens (soit des êtres mi-humains, mi-reptiles) gouvernant la planète. Ceux-ci compteraient dans leur rang des personnalités telles que Barack Obama, la reine Elizabeth II d’Angleterre, Madonna…

Autre exemple : le virus du sida aurait été créé par l’homme pour éliminer la communauté noire ou homosexuelle. Les théories les plus folles continuent aussi de circuler concernant la mort de la princesse Diana en août 1997 : Lady Di aurait été assassinée par les services secrets britanniques sur ordre de la Famille royale, elle serait toujours vivante, elle aurait été sacrifiée par les reptiliens…

Les attentats du 11 Septembre, les plus meurtriers de l’histoire, font, eux aussi, l’objet d’hypothèses persistantes, comme celle d’une connaissance de l’attaque par le gouvernement, voire de sa participation, ou encore celle d’une démolition contrôlée des tours jumelles.

Enfin, l’idée selon laquelle Hitler ne se serait pas donné la mort dans son bunker berlinois en 1945 a longtemps eu la vie dure. Pour certains, il aurait fini sa vie en Amérique latine, pour d’autres, il aurait réussi à se cacher dans une base secrète… en Antarctique !

Les plus farfelues

Certains complotistes imaginent que la Terre n’est pas ronde, mais plate, d’autres la croient… creuse ! Ils pensent même qu’une civilisation parallèle y vit. D’autres prétendent que les traînées blanches laissées par les avions dans le ciel (les «chemtrails» en anglais) sont des produits chimiques dispersés volontairement sur ordre d’agences gouvernementales ou militaires. L’objectif ? Modifier le climat, affaiblir l’immunité des populations ou saboter l’agriculture d’un pays.

Enfin, si certains sont persuadés que Michael Jackson, Bob Marley ou Elvis Presley ne sont pas morts, d’autres affirment que Paul McCartney n’est plus de ce monde depuis 1966 suite à un accident de voiture. Il aurait depuis été remplacé par un sosie. Une théorie née suite au fait que les Beatles n’ont pas produit d’album entre l’été 1966 et l’été 1967, contrairement à leurs habitudes.

Les plus anciennes

Si l’expression «théorie du complot» est née au XXe siècle, le phénomène n’est pas nouveau. De tout temps, les catastrophes ou fléaux ont donné naissance à des théories fumeuses. Déjà en l’an 64, lors du grand incendie de Rome – qui apparaît aujourd’hui comme accidentel -, Néron est accusé d’en être l’instigateur. L’entourage de l’Empereur rejette alors la faute sur les chrétiens.

Au Moyen Âge, lorsque la grande épidémie de peste ravage l’Europe et provoque la mort d’environ un tiers de sa population, des boucs émissaires sont cherchés, par méconnaissance des causes et vecteurs de la peste bubonique. Les Juifs sont soupçonnés d’empoisonner l’eau des puits et les marchés, en France et en Allemagne notamment. Ils n’ont été blanchis qu’à la fin du XIXe siècle lorsque la bactérie responsable de la peste a été découverte.

Plus proche de nous, au XVIIIe siècle, l’abbé Augustin Barruel publie un ouvrage dans lequel il défend l’idée que la Révolution française n’est pas le fait d’un mouvement populaire spontané, mais résulte d’un complot fomenté notamment par les francs-maçons.

Une équation contre les complotistes

Pour qu’un complot reste secret, il doit impliquer le moins de personnes possible. Pour prouver cette idée, David Robert Grimes, un mathématicien de l’université d’Oxford, a mis au point une équation. Dans son article intitulé «De la viabilité des croyances conspirationnistes», il explique que le risque de fuite (volontaire ou non) augmente avec le nombre de conspirateurs.

Ainsi, des complots ont été mis au jour, comme la surveillance massive des communications mondiales par les services secrets américains révélée par Edward Snowden, le scandale du Watergate, ou la soi-disant présence d’armes de destruction massive en Irak. Selon les variables de l’équation, à savoir le nombre de personnes impliquées et le temps écoulé depuis le complot, le chercheur attribue une valeur de probabilité à celui-ci.

D’après ses calculs, si Neil Armstrong n’avait pas posé le pied sur la Lune en 1969, comme certains le prétendent, le mensonge aurait tenu moins de quatre ans, compte tenu des 400.000 employés que comptait la Nasa à l’époque.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 19/11/2020

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici