Cartons, sacs en papier…La fausse bonne idée ?

Bannir le plastique, oui, mais à quel prix ?

Les sacs en plastique ont été remplacés par des sacs en papier, les gobelets en plastique par des gobelets en carton. Et c’est tant mieux pour la biodiversité. Nous sommes persuadés que ces objets sont fabriqués en papier recyclé, qui sera à nouveau réutilisé, dans un monde vertueux, avec très peu d’impact sur la nature… Est-ce le cas ? Voyons cela !

Dans son nouveau «Sur le front», lundi à 21h05 sur France 5, Hugo Clément analyse les sachets en papier utilisés au supermarché et constate qu’ils ne sont pas fabriqués en papier recyclé, mais à partir de bois neuf. Des forêts entières sont rasées pour fournir les fabricants français. Le reporter s’intéresse aussi au recyclage des cartons d’emballage et découvre qu’une partie d‘entre eux est envoyée au Vietnam, soit un voyage de plus de 10.000 kilomètres !

Et en Belgique ?

En ce qui concerne le recyclage des cartons, la situation belge est différente, rassure Quentin Mathot, chef de service à la Commission interrégionale de l’emballage (CIE). «Les déchets d’emballages collectés auprès des ménages (verre, papier/carton, alu, métaux ferreux, plastique dont le ramassage est réalisé par les intercommunales et le recyclage géré par Fost Plus) sont recyclés uniquement dans l’UE, dont 81 % en Belgique. En ce qui concerne le papier et le carton, 93,9 % sont recyclés en Belgique et seuls 6,1 % partent aux Pays-Bas. Fost Plus organise la revente aux recycleurs et veille à maintenir un maximum de recyclage en Belgique.

En ce qui concerne les emballages industriels, la situation est différente car ce sont les collecteurs privés qui réalisent leurs collectes et qui se chargent de les faire recycler. Ceux-ci sont plus sensibles aux prix du marché du recyclage mondial. La Belgique recycle 37,2 % de ses emballages industriels en papier/carton et en envoie 53,1 % dans des pays européens. Une petite quantité (9,7%) est envoyée hors Europe.»

Non recyclé, mais recyclable

Le sac en papier kraft est le plus utilisé dans les commerces, pour les denrées alimentaires ou les vêtements, car il est polyvalent et solide. Fabriqué à partir de pâte de bois vierge non blanchie, il est souvent de couleur marron, ce qui lui donne un air faussement recyclé. Mais il est biodégradable et recyclable.

Dans ses magasins en gestion propre, pour les rayons fruits et légumes, Carrefour Belgium vend des sacs réutilisables en tissu et supprime progressivement les sacs en papier. Pour le rayon boulangerie, le sac kraft est issu de la gestion durable des forêts (certifiée par le label PEFC ou FSC). Les magasins franchisés utilisent encore des sacs kraft pour les fruits et légumes, et ce papier est également issu de la gestion durable des forêts. «Nous ne pouvons pas utiliser de matériaux recyclés pour le papier/carton qui entre en contact direct avec les aliments afin de garantir la sécurité alimentaire», confirme l’enseigne.
Même son de cloche chez Delhaize : pas de matière recyclée dans les sacs à pain ni dans les sacs pour fruits et légumes. Mais ils sont certifiés PEFC (gestion durable des forêts) et les sacs à pain sont compostables.

Pas la panacée

De leur côté, les gobelets en carton sont généralement fabriqués à partir de matériaux vierges, non recyclés. Ils sont rendus étanches grâce à une très fine couche de plastique (polyéthylène) ou d’acide polylactique (amidon de maïs). «Si le gobelet ne contient qu’une seule couche plastifiée ou de paraffine à l’intérieur, il sera recyclé avec le papier/carton. S’il contient deux couches plastifiées ou paraffinées (intérieur et extérieur), il va dans la poubelle résiduelle», explique Renaud De Bruyn, expert déchets à l’asbl Ecoconso.

L’usage du carton n’est donc pas la panacée. «Nous avons remplacé les sacs et gobelets en plastique jetables, à usage unique, par d’autres matières qui mobilisent des ressources naturelles et qui posent d’autres défis environnementaux. Une meilleure solution est d’utiliser des gobelets réutilisables et de faire nos courses avec des sacs en coton lavables», conclut Renaud De Bruyn.