«Black Lives Matter» : dix ans de lutte fructueuse
En 2013, naissait ce mouvement avec l’espoir de changer enfin les mentalités. Une décennie plus tard, combat et résistance continuent.
Dimanche dès 18.00, Arte opère un focus sur la culture black avec le film oscarisé de Steven Spielberg, «La Couleur pourpre», le documentaire «Yes We Can», mettant en exergue l’art contemporain noir (dont les œuvres de Kehinde Wiley et Amy Sherald, auteurs afro-américains de portraits officiels du couple Obama), et un concert-hommage de Jessye Norman au negro spiritual.
Plus qu’un slogan
À l’instar des œuvres culturelles, des discours officiels et des luttes au quotidien, le mouvement «Black Lives Matter» sait qu’il ne peut pas changer à lui seul normes sociales et préjugés, mais persiste et signe. Où en est la résonnance de cet activisme dont l’appellation est maintenant connue dans le monde entier ?
Symbole fort
En 2012, George Zimmerman, un Latino-américain, ouvre le feu sur Trayvon Martin, un adolescent noir. Accusé de meurtre au second degré, il est pourtant acquitté en 2013. En réponse à ce verdict, une conversation en ligne entre les militantes Patrisse Cullors, Opal Tometi et Alicia Garza crée le slogan : #BlackLivesMatter.
Il est inspiré du mot de Garza : «Black People, I love you, I love us, our lives matter» («Personnes noires, je vous aime, je nous aime. Nos vies comptent.»). Et devient un symbole prédominant suite aux décès du new-yorkais Eric Garner étouffé par un agent lors d’une arrestation trop musclée («I can’t breathe» : «Je ne peux pas respirer») et de Michael Brown en 2014. Puis celui de George Floyd, en 2020. «Je pense que ce pays est à un tournant», déclare Alicia Garza. «Les gens sont aux prises avec le fait que nous ne sommes pas réellement dans une société post-raciale. Le changement qui s’est produit cette fois-ci n’était pas un hasard ! C’est le travail de plusieurs générations.»
Changements tangibles
La même année, un sondage de l’Université de Monmouth a en effet révélé que 76 % des Américains voient dans le racisme et la discrimination «un gros problème», contre 51 % en 2015. Le journaliste blanc Adam Serwer y voit même un résultat historique car, en 1964, dans un sondage après la Marche sur Washington où Martin Luther King Jr. avait prononcé son discours «I Have a Dream», 74 % de la population pensaient que de telles manifestations étaient plus enclines à nuire qu’à aider tout mouvement pour l’égalité raciale.
Message préservé
Aujourd’hui, le message «Black Lives Matter», souvent reproduit sur les murs et sur de multiples supports, en dit long sur la durabilité du combat. Apposé sur plusieurs artères de villes américaines, de façon à être visible du haut des immeubles, il s’efface çà et là, usé par la circulation ou les travaux de voiries, mais est aussi entretenu par certaines mairies. Le 21 juin dernier, Seattle (État de Washington) a entrepris de restaurer la célèbre phrase, peinte sur Pine Street en 2020. Pour la préserver ! Dans un communiqué, les dirigeants ont rappelé «l’importance et la signification de Black Lives Matter pour les années à venir.» Du côté des militants, le président de l’association «Color of Change», le considère «utile pour les changements tangibles qu’apporte le mouvement.»
Cet article est paru dans le Télépro du 29/6/2023
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