Barbie : une poupée qui a su traverser les époques
Barbie, malgré ses 64 printemps, n’a pas pris une ride. Et a vécu une vie trépidante, serveuse de fast-food un jour, dentiste le lendemain, gymnaste le jour suivant…
Devenue une icône pop, comme le montre le documentaire «Et Dieu créa Barbie» de France 5 (vendredi, 21.00), elle suscite autant d’admiration que de critiques. Sexiste ou féministe ? Tout n’est pas tout noir ou tout rose dans le monde de Barbie !
Adulte
Au milieu des années 1950, Ruth Handler, en observant sa fille et sa poupée, remarque que la petite n’a qu’un choix : jouer avec un poupon. L’épouse du cofondateur de la société de jouets Mattel se fixe un objectif : offrir aux enfants la possibilité de s’amuser avec une poupée aux allures d’adulte. C’est lors d’un voyage qu’elle trouve l’inspiration grâce à Bild Lilli, une figurine de femme fatale imaginée pour un magazine allemand.
Si Mattel est un peu difficile à convaincre (et attaqué en justice pour avoir copié Bild Lilli), Ruth parvient à ses fins : la nouvelle venue sur le marché s’appellera Barbie, en l’honneur de sa fille Barbara. Vêtue d’un maillot de bain zébré, sa première représentante est exposée au Salon du jouet de New York le 9 mars 1959. Le succès est immédiat : 350.000 poupées sont vendues la première année. En 1961, Barbie trouve l’amour en la personne de Ken, dont le nom est cette fois inspiré du fils de Ruth, Kenneth.
Scandales
Malgré ses efforts, Barbie n’a pas toujours été un modèle de perfection et ses moindres pas de travers ont été montrés du doigt – tout comme ses pieds façonnés pour porter des talons. En 1965, elle organise une pyjama party, avec tout le matériel nécessaire : une balance coincée sur 50 kg et un guide de régime au message univoque «Ne mange pas».
En 1992, Barbie tente de prendre la parole : «Aura-t-on un jour assez de vêtements ?», «Les maths, c’est si dur !». Si c’est pour tenir un tel discours, mieux vaut redevenir muette… Cinq ans plus tard, Mattel met en vente une Barbie à la peau foncée sponsorisée par la marque de biscuits Oreo, noirs à l’extérieur, blancs à l’intérieur… Un rapprochement considéré comme une injure raciale par la population afro-américaine.
Métamorphosée
Souvent critiquée pour ses mensurations invraisemblables, la Barbie d’aujourd’hui n’a pourtant plus rien à voir avec son aïeule. Si la poupée première génération a les yeux baissés, elle relève le regard au début des années 1970, époque à laquelle elle esquisse un sourire. Sa taille s’épaissit dans les années 1990, mais c’est surtout en 2016 que la révolution se produit. «Pouvons-nous maintenant arrêter de parler de mon corps», titre le Time Magazine, présentant en couverture une Barbie aux proportions plus réalistes.
Petite, ronde, grande ou avec moins de poitrine, la coqueluche des enfants se trouve désormais dans 5 types de morphologies, 22 teintes de peau et 76 coupes de cheveux. Si Christie, première copine de Barbie à la peau noire, est apparue dès 1968, Mattel vise aujourd’hui une diversité toujours plus grande : atteinte de vitiligo, en chaise roulante, porteuse d’une prothèse ou chauve (Ella, atteinte d’un cancer, est distribuée aux enfants en chimiothérapie). «55 % des poupées que nous vendons dans le monde n’ont ni les cheveux blonds, ni les yeux bleus», affirme Lisa McKnight, directrice générale de la marque.
Vocations
«Imaginer qu’elle peut être n’importe quoi n’est que le début», affirme le site de Mattel. Malgré l’image qui lui colle à la peau, Barbie n’est pas une écervelée… En proposant une poupée adulte, l’ambition de Ruth Handler était, dès le départ, de faire découvrir aux fillettes toutes les possibilités qui s’offraient à elles, outre celle de devenir maman. Barbie a pour ambition de susciter des vocations. La star des jouets est astronaute dès 1965 (et pose donc le pied sur la Lune quatre ans avant Neil Armstrong), candidate à la présidentielle américaine depuis 1992, chirurgienne, femme d’affaires, rock star… En 2018, Barbie devient ingénieure en robotique et est vendue avec un programme de codage pour enfants. «Life in plastic, it’s fantastic !»
Cet article est paru dans le Télépro du 20/4/2023
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