Bangladesh, le pays englouti
Avec le réchauffement climatique et la montée des eaux, des régions risquent d’être rayées de la surface du globe. Au Bangladesh, c’est déjà une réalité. D’ici à 2050, un tiers de son territoire pourrait avoir disparu. Comme le raconte le doc «Bangladesh : Waterworld», diffusé ce dimanche sur La Trois.
On le dit, on le répète… Le réchauffement climatique entraîne une montée des eaux. Les glaciers fondent, venant gonfler les mers et les océans. Selon les experts du Giec, il faut s’attendre à une hausse de 40 cm d’ici à 2100 si l’on parvient à maintenir le réchauffement de la planète sous le seuil des 2°C. C’est le scénario optimiste. Si les températures augmentent de 3 à 4° C, l’élévation des mers pourrait atteindre 80 cm. Des centaines de millions de personnes seraient donc concernées… Chez nous, on pense aux Flamands. Mais leur plat pays ne risque pas d’être sous eau avant plusieurs siècles. Ailleurs, la situation est déjà critique. C’est le cas au Bangladesh. Ce pays d’Asie est le plus exposé du monde à la montée des eaux.
Réfugiés climatiques
Le Bangladesh a fait la une des journaux voici juste dix ans, en avril 2013, avec l’affaire du Rana Plaza. L’effondrement de cet atelier de confection textile avait fait 1.127 morts. On découvrait alors ce pays, sa capitale surpeuplée, ses bidonvilles et ses premiers réfugiés climatiques. Là-bas, la population fuit les zones côtières et les bords de fleuve pour trouver refuge sur des terres non inondables. Ici, les prévisions des climatologues sont encore plus pessimistes que les moyennes mondiales : les eaux pourraient monter de 1,5 m d’ici à la fin du siècle. Des déferlantes d’eau Implanté sur le delta du Gange, le Bangladesh est habitué aux inondations. Chaque année, les précipitations de la mousson font sortir les fleuves de leur lit. La région est aussi coutumière des cyclones tropicaux. Mais avec le dérèglement climatique, ils ont tendance à se multiplier. Le réchauffement de la planète occasionne aussi une fonte accrue des neiges de l’Himalaya. La descente des eaux est accélérée par la déforestation des pentes de la montagne. À certaines périodes, ce sont donc des déferlantes d’eau qui arrivent dans le Gange et le Brahmapoutre. Ces eaux envahissent des villages entiers. Au Bangladesh, on estime que 700.000 personnes perdent chaque année leur maison des suites d’une catastrophe naturelle.
La route de l’exil
Voilà des années que les Bangladais tentent de lutter contre l’érosion des berges, de construire des digues de fortune… Mais la nature finit toujours par l’emporter. Dans les zones côtières, même si l’eau se retire, elle laisse des terres gorgées de sel qui deviennent impossibles à cultiver. Les paysans de ces régions, comme tous les riverains des fleuves et de l’océan, n’ont donc d’autre choix que de partir. Un tiers de la population du Bangladesh est concerné à moyen terme. Mais partir où ? La plupart de ces migrants climatiques se dirigent vers les grandes villes du pays, déjà très densément peuplées. Ceux qui ont plus de moyens essayent de partir à l’étranger. Selon l’Agence des Nations Unies (HCR) pour les réfugiés, 20.277 Bangladais ont fui leur pays en 2021. Ils partent d’abord pour l’Inde et les pays du Golfe persique. Mais ces dernières années, on les voit de plus en plus souvent traverser la Méditerranée pour demander l’asile en Europe. Toujours selon le HCR, 93 % de ces demandes d’asile ont été rejetées. À côté des réfugiés de guerre, des réfugiés politiques et économiques, il va pourtant falloir désormais gérer les réfugiés climatiques.
Cet article est paru dans le Télépro du 2/03/2023.
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