Après le Brexit, place au Bregret
Une majorité de Britanniques regretterait la sortie de l’Europe. À quand le come-back ? Ce dimanche à 21h05, France 5 diffuse «Royaume-Uni : du Brexit au Bregret».
Bregret. Le néologisme est très vite apparu dans la foulée de son frère aîné, le Brexit. On pourrait le traduire par « le regret des Britanniques ». Selon une enquête de l’Institut international d’études de marché YouGov, ils sont aujourd’hui entre 55 et 60 % à considérer comme une erreur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Chez les jeunes, le pourcentage serait encore plus important. Expliquer le Bregret en chanson ? On y va.
So sorry
Pour ouvrir le bal, commençons par « I’m sorry, so sorry », interprété par Brenda Lee en 1960. Traduction : « Je suis désolée, tellement désolée… d’avoir été aussi stupide. »
Stupide pourquoi ? Le 23 juin 2016, un référendum pose la question suivante aux citoyens britanniques : « Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou la quitter ? » 52 % des participants répondent « Leave », quitter. Après 47 ans de vie commune, c’est le divorce entre Européens et Britanniques, le Brexit pour « British exit ».
Initialement prévue le 29 mars 2019, la date de la sortie est repoussée à plusieurs reprises. Il faut finalement attendre le 31 janvier 2020 pour qu’elle soit effective. Et encore… Comme l’explique le site Toute l’Europe, l’accord prévoit une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020. Le 1er janvier 2021, le couple n’existe plus, les Britanniques sortent de l’union douanière et du marché unique. Ils se retrouvent comme dans le tube d’Éric Carmen : « All By Myself » (themselves en l’occurrence), tout seuls.
Sorrow
On enchaîne avec le grand succès de Mort Schuman en 1975 : « Sorrow ». Traduction : « Chagrin le matin, chagrin tard le soir, comme un navire sans matelot. » Le cataclysme économique prédit par certains n’a pas eu lieu, mais quand même… Les rêves de prospérité retrouvée entretenus par les partisans de la sortie ne se sont pas réalisés. « Dès la victoire du « Leave », les premières conséquences économiques du Brexit se font ressentir », constate Toute l’Europe. La sortie effective de l’Union et du marché unique cinq ans plus tard affecte vite la vie quotidienne : difficultés d’approvisionnement en fruits et légumes pour les grandes surfaces, même problème pour les carburants, pénurie de candidats pour certaines professions…
Au début de cette année, la banque d’investissement Goldman Sachs publie une note intitulée « Les Coûts structurels et cycliques du Brexit ». Elle estime que l’économie britannique a connu une croissance de 5 % inférieure à celle d’autres pays comparables au cours des huit dernières années. Goldman Sachs attribue ce déficit à trois causes principales : la réduction des échanges commerciaux, la faiblesse des investissements des entreprises et la pénurie de main-d’œuvre résultant de la baisse de l’immigration en provenance de l’UE. Conclusion de la mythique banque : « La Grande-Bretagne a nettement sous-performé. » Alors, toujours « No Regrets », comme le chante Robbie Williams en 1999 ? Pas sûr.
Get Back
Nous conclurons avec des incontournables de la chanson britannique : les Beatles. En 1969, Paul McCartney écrit « Get Back » pour le groupe de Liverpool. Traduction : « Reviens, reviens d’où tu viens. » Le Bregret semble bien réel. Écossais (62 %) et Irlandais du Nord (55,8 %) avaient déjà exprimé leur souhait de rester européens en 2016. Selon le dernier sondage de Yougov, 31 % seulement des sondés estiment que le Brexit a été une bonne chose.
Pour autant, un Breback (retour britannique) dans la maison Europe est-il envisageable ? « Rejoin » (rejoindre, rallier) ou « Stronger Together » (plus forts ensemble) disaient les pancartes de manifestants pro-Union européenne le 31 janvier dernier devant le Parlement à Londres. Pour le journal français Le Nouvel Économiste, ce retour n’est toutefois pas une priorité politique, ni pour la population ni pour les partis outre-Manche. Quant à l’Europe, rien ne dit qu’elle souhaiterait se réinvestir dans une relation avec ce partenaire capricieux. Malgré tout, un futur rapprochement ne serait pas exclu. « We’ll Meet Again » (Nous nous retrouverons) fredonnait Vera Lynn en 1939. Ajoutant : « Don’t Know Where, Don’t Know When » : j’ignore où, j’ignore quand.
Cet article est paru dans le Télépro du 12/9/2024
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici