
Anne Frank, 15 ans pour toujours
Quatre-vingts ans après la mort d’Anne Frank, qui lit encore son « Journal » ? Face à la barbarie du monde, les angoisses et les espoirs de l’adolescente restent pourtant d’actualité.
On ignore la date exacte. C’était en mars 1945. Une jeune fille anonyme rendait son dernier souffle dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Elle s’appelait Anne Frank… Pour commémorer ce 80e anniversaire, La Une propose vendredi à 20h55 un documentaire inédit : « Anne Frank, journal d’une adolescente ».
761 jours de réclusion
On connaît tous l’histoire d’Anne Frank. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette adolescente juive a vécu 761 jours recluse avec sa famille dans un grenier pour échapper à la déportation. Et durant toute cette période, elle a rédigé un journal intime…
Anne Frank naît en 1929, à Francfort. En 1933, quand Hitler arrive au pouvoir, la famille s’exile aux Pays-Bas. Lorsque la guerre éclate, les Frank cherchent à émigrer aux États-Unis. En vain. En juillet 1942, la situation devenant trop dangereuse, ils décident de se cacher dans un grenier d’Amsterdam. Anne a alors 13 ans. Outre ses parents et sa sœur Margot, elle doit cohabiter avec quatre autres personnes. Jusqu’au 4 août 1944. Probablement dénoncés, les Frank et leurs compagnons de clandestinité sont alors arrêtés.
Du grenier au succès
Des huit occupants du grenier, seul le père Frank rentre des camps. À son retour à Amsterdam, une amie lui remet le journal d’Anne, qu’elle a récupéré après leur départ. Otto Frank décide rapidement de le publier. Il estime que c’est un témoignage unique et surtout un hommage à sa fille, qui rêvait de devenir écrivaine.
L’édition originale du « Journal d’Anne Frank » en néerlandais sort de presse en juin 1947. Il est traduit en français en 1950, puis en anglais quelques mois plus tard. Le succès est tel qu’en 1955, lorsque le bâtiment où se cachèrent les Frank est menacé de démolition, des manifestations sont organisées pour le protéger. Ainsi, peut-on aujourd’hui encore le visiter.
Des pages censurées
Jusqu’à sa mort, en 1980, Otto Frank se consacrera à perpétuer la mémoire de sa fille. À la préserver aussi. Pour la publication, il décide d’expurger le texte de certains passages qu’il estime trop intimes ou confidentiels. Quand elle a des réflexions dures sur ses parents, par exemple. Ou quand elle évoque ses premiers émois sexuels. Anne Frank avait elle-même pris soin de coller du papier kraft sur deux pages aux propos crus. Il faudra attendre 2018 pour que de nouvelles technologies rendent ce contenu accessible.
Ados d’hier et d’aujourd’hui
Depuis 1947, « Le Journal d’Anne Frank » a été traduit en une centaine de langues et imprimé à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires. Pourquoi un tel succès ? Survivant de la Shoah, l’écrivain Primo Levi écrit : « Anne Frank nous émeut plus que les innombrables victimes restées anonymes et peut-être doit-il en être ainsi. Si l’on devait et pouvait montrer de la compassion pour chacune d’elles, la vie serait insoutenable ».
Plusieurs générations ont lu « Le Journal d’Anne Frank » à l’école, mais est-ce toujours le cas ? Pour sensibiliser les jeunes à cette période de notre Histoire, le documentaire de la RTBF intercale cinq ados d’aujourd’hui parmi les images d’archives et les reconstitutions d’époque. Cinq jeunes filles de toutes origines qui, par leur seule présence rayonnante, rappellent qu’Anne Frank n’était qu’une innocente adolescente à l’aube de sa vie… Et que son message est plus que jamais universel.
Cet article est paru dans le Télépro du 20/2/2025
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici