Animaux de compagnie : n’abandonnons pas nos amis !
Chaque année, au moins 25.000 chiens et 32.000 chats sont abandonnés en Belgique. Des chiffres en hausse constante, comme le constatera «Tout s’explique» ce jeudi à 19h50 sur RTL tvi.
Nous l’avons surnommé «Gros Dodu». Mi-gros minet, mi-kung-fu panda, ce chat noir et blanc baguenaude pour la première fois son allure débonnaire dans le voisinage il y a presqu’un an et demi. Bonhomme, mais tellement craintif. Terré sous les haies, il attend que tout humain se soit éloigné avant de s’en extirper pour chercher à manger. Quelques mois plus tard, une voisine nous raconte l’histoire de Gros Dodu, jeté d’une voiture sur le parking d’un complexe cinématographique tout proche. Depuis, il erre, trouve refuge dans un petit bois, élargit petit à petit son rayon d’action à la recherche d’un nouveau chez lui. Le temps a passé. Aujourd’hui, Gros Dodu se laisse approcher, caresser même. Inimaginable il y a quelques mois : il entre dans la maison pour s’y nourrir et y passer la nuit. Les trajectoires ne sont pas toujours aussi positives pour les animaux confrontés à l’abandon.
Cherchez les coupables
Le refuge de la Société protectrice des animaux de La Louvière. Huit employés, 120 bénévoles et surtout 83 chiens et 141 chats. «Nous avons eu jusqu’à 250 chats en été», précise Gaëtan Sgualdino, le directeur. 39 chiens et 40 chats actuellement placés en famille d’accueil viennent encore gonfler ce décompte impressionnant. Les origines de ces abandons sont multiples. «Le dernier appel dont je me suis occupé personnellement provenait d’une dame. Son papa venait de mourir, elle n’avait aucune solution pour héberger le chien de celui-ci.» Dans d’autres cas, les abandons sont plus compliqués à comprendre. C’est le cas de ce jeune homme d’une trentaine d’années. Le berger malinois de 9 mois qu’il venait d’acheter à un marchand faisait peur à toute la famille. «Le malinois est un chien de travail», explique Gaëtan Sgualdino. «Il doit chercher, aime mâchouiller…» S’il est sous-stimulé en famille, il compense par un état hyperactif et des «pincettes» de plus en plus appuyées. Avec les malinois, les chiens les plus représentés en refuge sont ceux de type molosse, american staff. «On les retrouve souvent errant sur la voie publique, sans identification possible. Ils restent plusieurs années en refuge car les gens s’en détournent. C’est malheureux (silence).»
Recherche familles d’accueil
Ces dernières années, deux autres événements ont aggravé la situation : la pandémie du covid-19 et la crise énergétique. Dans le premier cas, les achats et adoptions ont vu leur nombre monter en flèche. Les marchands ont multiplié les portées puis, lorsque «l’engouement» s’est tari, ils se sont retrouvés avec de nombreux animaux sur les bras. «On s’est alors tourné vers les refuges», se souvient le directeur de la SPA de La Louvière. Des refuges qui, dans la foulée, ont dû faire face à un autre coup dur : la crise énergétique. D’une part, les familles ont réduit les budgets consacrés aux animaux : les abandons ont augmenté. D’autres part, toujours pour des raisons économiques, les chiffres d’adoptions ont chuté : «La moitié moins qu’en 2020.» Face à l’explosion du phénomène, la SPA est en recherche de bénévoles, de donateurs, mais aussi de familles d’accueil. «C’est gratuit. Nous fournissons la nourriture, la litière, nous payons les vaccins… Cela permet de retirer ces animaux de la rue, de situations de maltraitance, de cruauté. C’est un accueil périodique, on peut tout à fait continuer à partir en vacances par exemple, avec le sentiment aussi de servir à quelque-chose.»
Sous le sapin ?
Un chien ou un chat comme cadeau de fin d’année : une très mauvaise idée ? Gaëtan Sgualdino est plus nuancé. «Chaque année, des personnes se présentent au refuge le 24 décembre pour acheter un animal. Nous refusons… et ils repartent fâchés. L’animal n’est pas un objet, un bien de consommation.» En revanche, il peut aussi s’agir d’une acquisition mûrement réfléchie. «Se dire : cette année, on ne se fait pas de cadeau, mais on achète un chien, je peux l’entendre. Parce que c’est un budget, pas seulement l’acquisition, mais aussi la nourriture, l’équipement», conclut-il. «Il faut être conscient qu’avoir un animal va affecter les quinze prochaines années de vie de la famille.»
Cet article est paru dans le Télépro du 14/12/2023
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