40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France : «Ne plus être une justice qui tue»
En 1981, la peine de mort est abolie en France. L’aboutissement du combat d’un homme : Robert Badinter. Quarante ans plus tard, France 3 lui rend hommage ce lundi à 21h05 avec le documentaire «Robert Badinter, la vie avant tout».
À ce jour, plus de deux tiers des pays du monde ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. On constate aussi une baisse tendancielle, au fil des années, du nombre de condamnations à mort et d’exécutions. Cependant, si les pays qui ont choisi l’abolition sont majoritaires, ces États ne représentent qu’une minorité de la population mondiale.
Loi du talion violée
Le combat de Robert Badinter, juriste et homme politique français, contre la peine capitale commence en 1972, après l’exécution de Roger Bontems. Ce dernier fut le complice de Claude Buffet dans la prise d’otage d’un surveillant et d’une infirmière, alors que les deux hommes tentaient de s’évader de la prison de Clairvaux. L’assaut se révèle sanglant lorsque Buffet décide d’égorger le surveillant et l’infirmière.
Un procès s’ensuit, durant lequel il est clairement établi que c’est uniquement Claude qui a pris la vie aux deux otages. Pourtant, comme Buffet, Bontems est condamné à la peine de mort. Robert Badinter est révolté. Qu’un homme qui n’a pas tué puisse être condamné à mort par la justice de son pays, il ne le comprend pas.
Si l’avocat français était déjà fermement opposé à la peine capitale, l’exécution de Roger Bontems sera celle de trop. Après les deux complices, quatre condamnés seront encore guillotinés dans l’Hexagone. L’ultime condamné sera exécuté en 1977, faisant de la France le dernier pays d’Europe occidentale et de la Communauté européenne à procéder à une exécution.
En septembre 1981, Robert Badinter convainc avec un discours resté célèbre et le Parlement français vote l’abolition.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
L’exception biélorusse
Outre le cas français, qu’en est-il de la pratique de la peine de mort sur notre vieux continent ? Tous les pays d’Europe l’ont bannie à l’exception de la Biélorussie. La Russie ne l’applique plus depuis vingt ans en vertu d’un moratoire, qui peut néanmoins être levé à tout moment.
Cependant, l’Europe est régulièrement secouée par des débats politiques et d’opinions publiques centrés sur le retour de la peine capitale. Alors que l’abolition du châtiment suprême est une condition pour rejoindre l’Union européenne, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a défendu en 2015 devant le parlement européen le droit à débattre de son éventuel rétablissement, au nom de la liberté d’expression.
En Turquie, Recep Tayyip Erdogan a aussi évoqué la tenue d’un référendum sur sa réintroduction, alors que son pays négocie depuis de nombreuses années son adhésion à l’UE. Et, en 2015 toujours, un sondage Ipsos révélait que 52 % des Français étaient favorables à son retour…
Débat belge
Sur le sol belge, le débat autour de la peine de mort fut très précoce. Dès 1827, alors que notre pays n’est même pas encore indépendant, Édouard Ducpétiaux, un journaliste belge, est l’un des premiers à soulever la question dans son ouvrage, «De la peine de mort», où il prend position en faveur de l’abolition.
Dès 1831 une première proposition abolitionniste est portée par Henri de Brouckère. Sous Léopold II, opposé à la peine capitale, le ministre de la Justice, Jules Bara, entame une politique de grâce en introduisant la commutation automatique de la peine de mort en condamnation à perpétuité.
Le 26 mars 1918, Emiel Ferfaille est guillotiné pour avoir tué sa maîtresse, c’est la dernière exécution de droit commun sur le sol belge. En juillet 1996, elle est supprimée du Code pénal belge et, en 2005, un article de la Constitution l’abolit définitivement.
Cet article est paru dans le Télépro du 9/9/2021
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici